Florent Urani, récit d’un come-back réussi
Dernier temps fort de la saison qui vient de s’achever, les championnats de France par équipes, lors desquels le PSG Judo a su conserver ses deux titres, ont été marqués par le retour sur les tapis de Florent Urani, coach haut niveau du club de la capitale. Une journée pas comme les autres à revivre cette fois de l’intérieur.
Si cela a pu surprendre le public massé dans l’Espace Mayenne de Laval fin mai, la rumeur selon laquelle Florent Urani reprendrait du service sur ces championnats de France avait déjà pris une autre tournure la veille de l’épreuve masculine. À l’occasion de la pesée plus exactement, à laquelle le champion d’Europe par équipes 2015 n’avait pas échappé, contrairement aux deux -73kg du club, Luca Otmane et Nabil Hachem, blessés tous les deux, mais bien comme tous les autres athlètes engagés. Un statut qu’il n’a pourtant pas endossé lors du premier tour remporté contre le Montpellier Judo Olympic, laissant la place en -73kg à Bastien Jenner, monté de catégorie pour l’occasion et vainqueur de son duel.
Mieux, c’est en survêtement et sur la chaise de coach qu’il s’installait, avant de laisser la place à Nicolas Mossion pour le reste de la journée. En judogi, il assistera du box des athlètes au deuxième tour des siens (3-0 contre l’ADO Lyon), avant d’enfin entrer en action en quart de finale contre l’AC Boulogne-Billancourt. « C’était le plan de dépanner sur un ou deux combats dans la journée, rembobine le médaillé mondial juniors 2009, qui parvenait à remettre les deux équipes à égalité après le revers initial de Driss Masson-Jbilou en -66kg. Face à ce jeune que je vois s’entraîner presque tous les jours à l’INSEP, j’ai essayé de jouer avec mon expérience, en misant aussi sur le fait que la pression était en face, avec la perspective d’affronter un retraité, et surtout de pouvoir perdre contre lui (sourire) ! »
Un retraité qui avait tout de même bien préparé son retour en compagnie du reste du staff parisien. « Nous ne sommes évidemment pas partis sur cette option d’aligner Florent sur un coup de tête, assure Nicolas Mossion, responsable du haut niveau. Même s’il montrait déjà de belles choses lorsqu’il s’engageait sur un randori à l’entraînement, nous avons tout mis en place pour que cela se passe bien. Premièrement, il ne fallait pas qu’il se sente contraint de combattre, et nous avons donc beaucoup discuté ensemble sur ce point pour que le plaisir soit au rendez-vous. Nous avons aussi planifié un programme sur deux mois, avec des séances techniques, du cardio et de la musculation entre les séances du groupe, quelques combats à l’INSEP lorsqu’il n’y avait pas trop de monde sur le tapis. Notre mission était qu’il retrouve les sensations de la confrontation, et qu’il soit capable de maintenir ses efforts jusqu’au bout des combats. Il a été hyper sérieux, rigoureux et intelligent pour que sa préparation ne se fasse jamais au détriment de nos athlètes. Et je crois pouvoir dire que cela restera l’une de ses meilleures journées de compétition, tant il semble s’être éclaté avec les athlètes tout au long de notre parcours qui s’est terminé à nouveau avec l’or. »
Une impression validée par le principal intéressé, traits tirés à l’issue de la compétition lors de laquelle il aura finalement remporté ses deux combats, dont le second sur ce mouvement d'épaule au-delà du temps réglementaire en demie contre Enzo Gibelli, autre habitué de l’INSEP et titulaire des derniers championnats d’Europe des moins de vingt-trois ans. « J’avais beau avoir les avant-bras qui commençaient à bien brûler, il fallait sortir victorieux coûte que coûte et j’avais tous les gars derrière moi pour me le rappeler au cas où je flanchais. La finale a été pliée en trois combats sans que je doive remettre ça, tant mieux pour moi, et surtout pour notre équipe qui a su aller au bout de cette superbe aventure. » Des tribunes, Romane Dicko, qui allait les imiter avec l’équipe féminine le lendemain, n’en revenait pas non plus. « Honnêtement, c’est fou ! Face à des garçons qui s’entraînent tous les jours, il a réussi à montrer que ce n’était pas seulement un bon coach. Il l’a avant tout fait pour le club, et c’est aussi la preuve que nous constituons une grande famille, avec une grande solidarité qui nous unit dans les bons comme dans les mauvais moments. Nous avons gagné tous ensemble, dans le plus grand sens du terme cette fois, et nous ne pouvons que remercier Florent pour l’exemple qu’il a donné ! »