Félix Eboa Eboa : « Paris m’a enseigné la culture de la gagne »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le Camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Félix Eboa Eboa (génération 1997), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Félix, tout d’abord comment vas-tu suite à ta grave blessure (rupture des ligaments croisés, fissure du ménisque) qui t’a éloigné de nombreux mois des terrains ?

« Je vais très bien merci, c’est très sympa de prendre de mes nouvelles ! J’ai récupéré toute ma forme, je suis à nouveau en excellente condition physique. Je vais également beaucoup mieux mentalement. Subir quatre opérations a eu forcément un réel impact sur mon moral. Je suis sorti de cette mauvaise passe grâce à mes proches qui m’ont beaucoup soutenu. Mes anciens partenaires du Centre de Formation du Paris Saint-Germain m’ont également accompagné dans cette difficile épreuve. J’ai dû consulter un psychologue car j’ai connu une dépression que je refusais d’admettre. Je ne voulais plus entendre parler de football. Une fois en phase avec moi-même, j’ai pu réapprendre à marcher, puis à courir. J’ai suivi un programme de réathlétisation à Clairefontaine qui m’a permis de reprendre confiance en moi. Le fait d’être entouré d’autres joueurs blessés m’a aidé pour mieux appréhender les mois de convalescence. J’avais ce besoin de me refaire une santé loin de mon club, car voir tous les jours mes coéquipiers sur le terrain me faisait plus de mal que de bien moralement. J’en profite pour remercier toutes les personnes qui ont contribué à mon retour à la compétition. »

Voilà six ans que tu as quitté ton club formateur. Quel type de défenseur es-tu dorénavant ?

« Le Félix d’aujourd’hui a beaucoup progressé ! J’ai gagné en maturité. Je suis beaucoup plus réfléchi sur le terrain. Je canalise mieux mon énergie sur la durée d’une rencontre. J’ai amélioré mon jeu de tête, ce qui m’a permis de marquer quelques buts en Ligue 1. J’ai gagné aussi en précision au niveau des passes pour relancer avec davantage de justesse. »

Lorsque tu étais avec les jeunes de Paris, tu ambitionnais de devenir un joueur professionnel. Heureux d’y être parvenu ?

« Forcément, car c’est le rêve de tout jeune footballeur ! Mais sincèrement, le plus difficile est de le rester. Après avoir clôturé mon cycle de formation avec l’équipe réserve du Paris Saint-Germain en National 2, j’ai rejoint l’EA Guingamp où j’ai disputé 23 rencontres dès ma première saison en Ligue 1. Malgré de bonnes prestations, j’ai vite compris que tout était remis à zéro. Être un joueur professionnel, c’est savoir prouver chaque saison. On ne peut pas se reposer sur des acquis. C’est plaisant car c’était mon choix de devenir footballeur pro, mais il faut bien avouer que c’est compliqué de rester au plus haut niveau. Il est donc important d’avoir une excellente hygiène de vie et d’être bien entouré pour tenir sur la durée. »

Quelle principale valeur reçue lors de ta formation à Paris t’a le plus servi par la suite ?

« Incontestablement la culture de la gagne ! Paris m’a appris à toujours donner le maximum pour l’emporter, peu importe contre quelle équipe. Même si nous avions une excellente génération 97, avec les Christopher Nkunku, Fodé Ballo Touré, Harold Voyer, Léonard Aggoune ou Bryan Labissière pour ne citer qu’eux, on se devait de répondre collectivement pour espérer remporter des trophées, comme ce fut le cas avec le titre de champion de France U19 décroché en 2016. Associés aux Titis nés en 1998, on aurait même pu soulever l’UEFA Youth League mais nous avons perdu l’ultime match contre Chelsea (1-2). Nos entraîneurs comme Cédric Cattenoy, François Rodrigues et Laurent Bonadéi ont toujours été derrière l’équipe au fil des années pour nous encourager et nous donner confiance dans les bons mais aussi dans les moins bons moments. Ils ont été les garants de notre progression. Ils ont réalisé un travail exceptionnel, validé par les nombreux Titis qui évoluent désormais au plus haut niveau. »

Tu es le troisième joueur formé à Paris à avoir disputé le plus de matches en UEFA Youth League (21 apparitions, derrière Alec Georgen et Yakou Meïté). Quel est l’apport de cette compétition pour un apprenti footballeur ?

« Vous m’apprenez cette stat qui me rappelle de très bons souvenirs ! J’ai participé à trois éditions qui m’ont permis d’acquérir de l’expérience. Affronter les meilleures équipes de jeunes sur le plan européen est super intéressant pour jauger son véritable niveau. On découvre d’autres styles de jeu, ce qui est très instructif dans le but d’aborder une carrière au plus haut niveau. Tous ces voyages permettent de découvrir d’autres villes et d’autres cultures. Mais nous n’y allions pas non plus en simples touristes ! Le but premier était d’imposer notre football pour remporter le titre suprême. Ce n’est pas passé loin en 2016. Je souhaite aux futures générations de Titis de ramener la coupe à la maison ! »

Tu as eu l’honneur de porter le maillot de Paris avec les pros le temps d’un match amical contre le Wiener SK. Beau moment ?

« Oui d’autant plus que nous avions remporté la victoire (3-0, le 12 juillet 2015). J’avais disputé les vingt dernières minutes de la partie, aux côtés de tous mes potes du Centre de Formation. Laurent Blanc n'avait aligné que des jeunes pour conclure la partie. C’était extraordinaire à vivre, un rêve éveillé ! De toute façon, je n’ai vécu que des bons moments avec le maillot rouge et bleu. Je reste un fidèle supporter du club qui évolue positivement d’année en année. Lorsque j’ai affronté le PSG au Parc des Princes, j’ai pris un immense plaisir. Même si la seconde fois, on a pris 9-0 ! Ce stade, cette pelouse, cette équipe, ces supporters… Les mots me manquent ! »

Transition toute faite, peux-tu nous dire un mot sur ton actualité ?

« Je suis en fin de contrat avec l’En Avant Guingamp. Je suis à la recherche d’un nouveau projet. J’ai quelques sollicitations, mais je prends mon temps pour privilégier un projet sportif. Je m’entretiens quotidiennement avec un coach sportif pour être opérationnel physiquement dès que j’intègrerai un club. Pour gagner de nouveau, comme Paris me l’a enseigné ! »

PROFIL :

Date de naissance : 19 avril 1997
Lieu de naissance : Douala (Cameroun)
Poste : défenseur

Clubs successifs : US Ivry-sur-Seine (2003 à 2007), FC Montfermeil (2007 à 2010), Paris Saint-Germain (2010 à 2017), EA Guingamp (2017 à 2023)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U19 (2016), finaliste de l’UEFA Youth League (2016)
Équipe du Cameroun : A (1 sélection)