Faiza Mokdar : « Toujours présente »

En devenant championne d’Europe juniors pour la troisième fois de suite cette semaine, Faiza Mokdar a réalisé une performance rare dans l’histoire du judo du Vieux Continent. Pas de quoi la faire dévier de son axe pour autant.

Faiza, on t’imagine très heureuse après ce troisième titre continental ?
Oui, bien sûr. Cela me fait très plaisir ! J’adore la compétition et le fait de me retrouver à nouveau sur un tatami, avec quelque chose à gagner au bout, m’avait terriblement manqué. J’avais hâte de voir mon niveau. Et cette victoire prouve que je suis toujours présente (sourire) !

Tu rejoins Carine Varlez (championne d’Europe juniors 1992, 1993 et 1994 en -72kg) dans l’histoire du judo français avec ce triplé. Qu’est-ce que cela te fait ?
Évidemment, je suis flattée. Quelques personnes m’ont parlé de cela depuis deux jours. Mais honnêtement, cela ne reste « que » des résultats juniors. C’est ce que je réussirai à faire en seniors qui compte vraiment.

Peux-tu nous parler de ta journée ?
Je pense être montée crescendo dans la compétition. Je me suis un peu précipitée au début du premier combat, puis j’ai pris de plus en plus mon temps pour être la plus efficace et précise possible. La finale a été mon combat le plus dur pour deux raisons : mon adversaire néerlandaise était gauchère. Or je reste plus à l’aise contre des droitières. Ensuite, parce que j’ai rapidement été menée de deux shidos (pénalités), par manque de précision et de concentration. Lorsque j’ai vu cela sur le tableau d’affichage, ça m’a mis un coup de pression ! Je n’avais plus le droit à l’erreur (un troisième shido est synonyme de défaite, NDLR) et je devais à la fois faire attention pour ne pas être sanctionnée et attaquer pour gagner le combat. J’ai donc cherché le ippon (valeur la plus haute, qui vous fait gagner immédiatement, NDLR). Et ça a marché.

Grâce à l’un de tes mouvements favoris…
Tout à fait. Avec ma blessure au genou, je n’ai pas pu faire de randori (combat d’entraînement). Du coup, j’en ai profité pour faire beaucoup de technique avec mon entraîneur national et avec Nicolas (Mossion, responsable du haut niveau au club, NDLR). L’enchaînement que j’utilise en finale et qui me permet de gagner est exactement ce que j’ai travaillé durant cette période : hiza-guruma (roue autour du genou) puis morote-seoi-nage (projection d’épaules à deux mains).

Et maintenant ?
Malheureusement, on retombe un peu dans le flou puisqu’on ne sait pas quand aura lieu le prochain événement. Je vais d’abord analyser mes combats avec mes entraîneurs pour en tirer les enseignements. Puis on retournera à l’entraînement. Avec ces championnats, j’ai pris conscience que nous avions de la chance de pouvoir nous entraîner depuis plusieurs mois. Et comme le niveau féminin est très fort en France, je sais que je serai à nouveau prête pour ma prochaine compétition.