Buchard en bronze, pas de podium pour Khyar

Tous les deux à la lutte pour une médaille de bronze, les Parisiens ont connu des destins différents dans la capitale française : le sourire pour conclure du côté d’Amandine Buchard (-52kg) et un podium raté d’un rien pour Walide Khyar (-66kg). Récit d’une journée sous tension.

L’une des grandes émotions du début de journée en -52kg aura été le cataclysme créé par l’élimination d’entrée de la championne olympique en titre, la superstar Japonaise Uta Abe. Une image de désarroi d’une puissance rare avec une combattante dont les jambes ne la portent plus et qui donnait, c’est logique, encore plus d’espoir au public de l’Arena Champs-de-Mars de voir sa chouchoute, Amandine Buchard, aller décrocher le titre, trois ans après sa finale de Tokyo. Mais rien ne serait donné à la Parisienne, pas totalement libérée aujourd’hui. La solide Chypriote Asvesta passée sur kata-guruma, la technique favorite de la Française, c’est la Brésilienne Pimenta, 10e mondiale et médaillée mondiale juniors 2019 qui se dressait face à elle en quart de finale. De quoi faire monter la pression d’un cran, d’autant qu’Amandine Buchard ne réussissait pas vraiment à se livrer et ne trouvait la clé du combat qu’au golden score, sur un retournement avec la main à la ceinture.

La demi-finale ? C’était face à l’Ouzbèke Keldiyorova, n°1 mondiale et vice championne du monde cette année, celle-là même qui avait fait tomber le monument Abe un peu plus tôt dans la journée. C’est Keldiyorova qui contrôlait le combat, très puissante, très forte tactiquement aussi, pour empêcher Amandine de s’exprimer, en contrôlant notamment sa manche droite, ce qui empêchait la vice championne olympique de lancer des attaques. Sans solution, elle s’inclinait sur une attaque en déplacement qui donnait un waza-ari à son adversaire, géré par Keldiyorova jusqu’à la fin. Un coup dur, mais déjà les mots de l’entourage pour aller chercher le bronze contre la Hongroise Pupp, qu’elle a toujours battue, alors que ses adversaires du jour, Pimenta et Keldiyorova, se classaient respectivement troisième et première. Encore dans le dur mais sans jamais lâcher, Amandine Buchard allait planter son kata-guruma libérateur dans le golden score.

Amandine Buchard (juillet 2024) 1

Quintuple médaillée mondiale, voici la -52kg du PSG Judo double médaillée à l’échelon supérieur, ce que seules trois Françaises avaient déjà réussi jusque-là. Un cercle très fermé dont elle fait désormais partie et qu’elle ne boudait pas : « Ce n’est pas ce que j’espérais mais je ne vais pas me plaindre. Cette médaille, c’est le bout d’un chemin avec des hauts, des bas, des blessures, des moments où j'ai cru que j'allais perdre la flamme nécessaire. J'ai fait des choix qui ont été atypiques mais, au final, je suis revenue, j'ai été médaillée sur toutes les compétitions où je suis sortie et, aujourd'hui, je suis vraiment fière de finir une nouvelle fois sur ce podium. J'ai eu du mal à m'exprimer parce que quand on a quelqu'un qui lance autant que l’Ouzbèke, c'est difficile parfois de poser les mains, mais j'avais juste envie de me transcender et de me battre, pour moi mais aussi pour tous ceux qui m’ont épaulée. Je n’étais pas spécialement stressée… Après, il restait une médaille à chercher. Pas une médaille en championnats d'Europe, ni en championnats du monde, mais une médaille olympique, à la maison. C’est unique. Pour y arriver, il a fallu digérer, ce qui m'a pris beaucoup d'énergie. Celle qui me manquait, je suis allée la puiser dans le public ».

Khyar rate le bronze d’un rien

Pour sa part battu en quart de finale par le Kazakhstanais Kyrgyzbayev après un tour majuscule face au Géorgien Margvelashvili, n°2 mondial, vice champion olympique et récent médaillé mondial qu’il clouait sur le dos, Walide Khyar (-66kg) parvenait d’abord à remporter son combat de repêchages face au Mongol Yondonperenlei, 5e mondial, en début de golden score sur ippon-seoi-nage, se donnant ainsi le droit d’un dernier combat pour le seul podium manquant à son palmarès. Généreux, comme à son habitude, porté par le public, il faisait ensuite face au Moldave Denis Vieru, n°1 mondial du circuit et l’un de ses plus élégants combattants, lequel lui mettait un waza-ari décisif à trente secondes de la fin de ce combat pour le bronze. Walide Khyar, médaillé mondial 2023, échouait ainsi au pied du podium.

Walide Khyar (juillet 2024)

« J’étais vraiment à rien du tout d’aller en finale, où tout est jouable et où j’aurais pu prendre le Japonais Abe. C'est dans cet état d'esprit que j'ai combattu aujourd’hui. Malheureusement, sur le quart de finale, je dois le dire, je suis vraiment passé à côté. Sur un combat où j'avais l'impression en tout cas d'être très à l'aise, je n’ai pas fait pas ce qu’il fallait. J'étais persuadé d'être au niveau aujourd'hui, j'étais prêt. J'ai même rarement été aussi fort, mais, aujourd'hui, j'ai perdu contre moi-même. C’est comme ça, trop d’envie, une attaque de trop et le contre… Le bon côté de cette journée, c’est ce public incroyable, des gens qui étaient à fond derrière nous. Je suis fier du chemin parcouru, fier de tout ce que j'ai fait pour en arriver là aussi. Ça a été des heures, des semaines, des mois, des années d’entraînement avec un rêve en tête. Il s’agissait de mes deuxièmes Jeux olympiques, l'avenir nous dira s'il y en aura d’autres. En tout cas, je l'espère. »

Prochain Rouge et Bleu français en lice mardi avec Alpha Oumar Djalo engagé en -81kg.