Bernard Allou : « Paris m’a tout donné !

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction la Belgique, à Bruxelles là où il a remporté la Coupe des Vainqueurs de Coupes en 1996, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Bernard Allou, qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Bernard, te souviens-tu dans quelles circonstances tu as rejoint le Paris Saint-Germain à l’âge de 14 ans ?

« C’était le 25 janvier 1988 ! Je débarquais d’Abidjan à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle, pour venir effectuer un essai de plusieurs semaines au Paris Saint-Germain en compagnie de mon coéquipier Hervé Cissé. Un dirigeant basé en Côte d’Ivoire nous avait repérés lors d’un tournoi. Une succession de contacts nous a ainsi permis de nous rendre en France. Nous y avons été accueillis par un dirigeant du club, Monsieur Lemagny, et ensuite par le staff du centre de Formation composé de Marc Collat, Erick Mombaerts et Bernard Guignedoux. On a découvert ce qu’était avoir froid ! Nous avons intégré l’effectif des Cadets nationaux, des joueurs plus vieux que nous, parmi lesquels figuraient les futurs pros Pascal Nouma, Francis Llacer et Richard Dutruel. Cette équipe a d’ailleurs remporté le championnat de France quelques mois plus tard. Malgré le niveau de jeu très relevé, nous avons convaincu les dirigeants de nous engager. C’est ainsi que j’ai découvert un nouveau continent, un nouveau pays. Ce fut un déracinement compliqué à vivre si tôt, mais j’avais plein de rêves en tête comme celui de devenir un joueur professionnel. Nous avons d’abord évolué avec les minimes, puis les cadets et enfin avec les juniors qui jouaient l’équipe réserve en 3e division nationale, puis l’équipe professionnelle. »

Tu as fais partie de la seule équipe à avoir remporté la coupe Gambardella, dans toute l’histoire du club. Quelles furent les clés de votre réussite en 1991 ?

« Comme il manquait plusieurs joueurs pour diverses raisons, l’entraîneur Marc Collat a donc fait appel à moi, alors qu’il ne s’agissait pas de ma catégorie d’âge ! Et dire que j’avais contracté une pubalgie qui m’avait écarté des terrains durant six mois… Je me suis retrouvé à nouveau au milieu des joueurs avec qui j’avais effectué mon essai trois ans auparavant. Je ne pensais jouer que quelques minutes, mais je me suis retrouvé en tant que titulaire en finale. Imaginez la pression pour le jeune Titi que j’étais ! Nous savions que le club ne l’avait jamais gagné, il était grand temps de saisir cette opportunité. Une finale, ça ne se joue pas, ça se gagne ! En face, c’était la génération dorée de l’AJ Auxerre, avec les Diomède, Cool, Goma et consorts. Ils ont ouvert le score peu après le coup d’envoi, mais dans la foulée j’ai égalisé sur un coup-franc. Nous nous sommes fait dominer outrageusement, mais on a tenu bon jusqu’à la séance des tirs au but. Richard Dutruel a été héroïque en stoppant trois tirs auxerrois. Remporter ce trophée, c’était un peu notre coupe du monde à nous ! Quand je reviens au centre de Formation, j’admire toujours la photo de notre sacre qui est accrochée sur le mur de l’entrée. C’est toujours très émouvant de me remémorer cet exploit vécu entre potes. Notre solidarité avait été plus forte que tout. »

Tes progrès ont été récompensés par la signature de ton premier contrat professionnel. Comment se sont déroulés tes débuts parmi le groupe fanion ?

« Je n’ai pas pu disputer les matches officiels pendant plusieurs mois car j’étais extracommunautaire. Des joueurs comme Rai, Ricardo, Valdo et Weah étaient bien évidemment prioritaires. Le coach Artur Jorge et son adjoint Denis Troch m’ont toutefois permis de participer à des stages et à des matches amicaux. J’ai obtenu la nationalité française en 1994, ce qui m’a permis de devenir sélectionnable pour jouer en 1ère division. C’est Luis Fernandez qui m’a lancé dans le grand bain lors d’un déplacement à Saint-Etienne. J’ai disputé une dizaine de minutes en remplacement de Daniel Bravo. Nous nous étions imposés à Geoffroy-Guichard (3-1, le 19 novembre 1994), un souvenir forcément marquant pour une première dans l’élite ! »

Tu n’as pas mis bien longtemps pour trouver le chemin des filets. Un but à Lens (le 2 décembre 1994) que tu as fêté d’un salto arrière !

« Je suis le premier joueur à avoir réalisé cette célébration en France ! Elle a marqué les esprits, au point de faire le tour de toutes les chaînes de télévision à cette époque. D’ailleurs je repense à cette action… Patrick Colleter centre vers George Weah, un défenseur adverse repousse le ballon, je le récupère puis je frappe en pleine lucarne ! Ce but offre la victoire (2-1) au Paris Saint-Germain sur la pelouse de Bollaert. Encore un stade mythique, après celui des Verts. Quand David Ginola, Rai, Vincent Guérin et tous les autres sont venus me féliciter, j’ai pensé à toute mon enfance vécue en Afrique, mais aussi à tous ces moments compliqués vécus loin de ma famille. C’était un bonheur indescriptible. Le summum fut lorsque le Président Michel Denisot et le directeur sportif Jean-Michel Moutier sont venus me féliciter à l’issue de la rencontre (ndlr : il en disputera 58 et marquera 5 buts avec Paris). Là, j’ai compris que j’avais fait quelque chose de grand ! »

Les saisons suivantes, tu as bien garni ton palmarès, avec entre autre la Coupe des Vainqueurs de Coupes en 1996 !

« Rien que d’en parler, j’en ai des frissons. Le fabuleux parcours pour atteindre la finale, la préparation de la finale organisée à Hendaye en compagnie de Yannick Noah, le coup-franc de Bruno Ngotty qui a offert le titre, les supporters déchaînés pendant toute la rencontre et sur l’avenue des Champs-Elysées lors de notre célébration… Tout simplement grandiose ! Certains ont gagné la coupe aux grandes oreilles, mais ce n’est pas parce que la nôtre en avaient des plus petites qu’elle était plus moche et avec moins de valeur. Bien au contraire, remporter un titre européen avec son club formateur est tout simplement extraordinaire à vivre. Je le souhaite de tout mon cœur à tous les futurs Titis ! »

Peux-tu nous faire part de ton quotidien avant que l’on se sépare ?

« Il s’articule autour de trois actions. Je suis tout d’abord responsable d’une société qui assure la sécurité au sein de la Commission de l’Union Européenne basée à Bruxelles. Côté terrain, je suis également conseiller sportif depuis une quinzaine d’années et je fais de temps en temps quelques piges en tant qu’entraîneur (Licence UEFA A). Enfin, je suis animateur pour une radio locale qui s’appelle Arabel. J’espère interroger prochainement Zoumana Camara car il fait du bon boulot avec ses Titis ! »

PROFIL

Date de naissance : 19 juin 1975
Lieu de naissance : Cocody (Côte d’Ivoire)
Poste : Milieu offensif
Clubs successifs : Espoirs de Koumassi (1980 à 1987) - Paris Saint-Germain (1988 à 1998) – Nagoya Grampus (1998) – Nottingham Forest (1999 à 2001) – RWD Molenbeek (2001 à 2002) – White Star Woluwe (2002 à 2003) – Léopold Uccle FC (2003 à 2006) – White Star Woluwe (2006 à 2010)

Palmarès avec le Paris Saint-Germain : Vainqueur de la Coupe Gambardella (1991) Vainqueur du Trophée des Champions (1995) Vainqueur de la Coupe de France (1995) Vainqueur de la Coupe de la Ligue (1995) Vainqueur de la Coupe des Coupes (1996) Finaliste de la Supercoupe de l’UEFA (1996) Vice-champion de France (1996)

Equipe de France : Espoirs (4 sélections, 2 buts)