Alpha Djalo : « Je sais ce que je dois faire »

De retour à la compétition après cinq mois loin du circuit la semaine dernière du côté d’Abou Dhabi, le leader tricolore des -81kg aborde les championnats d’Europe de manière décomplexée.

Dès ton opération fin juin, tu avais coché ces championnats d’Europe pour reprendre ta route vers les Jeux. Quelle importance revêtent-ils à tes yeux ?
Lorsque tu es blessé, c'est important d'avoir un objectif en tête, cela donne une direction qui te guide pendant toute la rééducation. Ces championnats d’Europe étaient immanquables pour moi. C'était obligé que j'y sois, car ils constituent une étape dans mon processus, dans ce que je veux acquérir, dans ce que je veux laisser au judo le jour où j'arrêterai. Je n’ai pas envie qu'on dise « Alpha, ça a été un bon judoka. Il a fait des médailles à des tournois. » Non, j'ai envie que mon palmarès compte des médailles aux championnats d'Europe, aux championnats du monde et forcément aux Jeux olympiques. Montpellier n’est peut-être pas bien placé dans le calendrier au vu de ma blessure, mais tout peut arriver. Je suis quelqu'un qui est très méthodique, il faut que tout soit carré avant que je combatte. Là, tout n'est pas carré puisque la préparation n'a pas été optimale. Mais j'ai déjà été dans ce cas de figure en Turquie en mars, où j'ai manqué d'efficacité sur mes attaques. Par contre, dans ma tête, ça a été solide et j'ai réussi à aller chercher une médaille, malgré le fait que je n'étais pas bien après avoir été écarté des tapis trois mois. Je suis donc préparé à ça, à ce que ce soit dur, très dur même. Et c’est ce qui pourra faire la différence le jour de ma compétition, en plus de ma confiance en moi et de l’apport du public qui sera derrière moi.

Physiquement, as-tu recouvré toutes tes capacités ?
Oui, complètement. Les premières semaines ont été compliquées, parce que j'avais acquis pas mal de choses avant mon arrêt forcé. Quand vous revenez, vous avez donc l'impression de les avoir perdues. Il faut un peu manger son pain noir, accepter de tomber contre des gars qui ne parviennent d’ordinaire pas à te projeter, même lorsque tu n’es pas en forme. Mais tout est revenu progressivement, et je suis en train de retrouver un très bon niveau.

Alpha Djalo (février 2023) 5

Tu as trouvé depuis quelques mois la recette sur les tournois, avec des médailles sur les plus importants Grands Chelems du circuit, comme Tokyo et Paris, ou encore au Masters. Comment convertir ça sur un championnat officiel ?
Il s'agira de reproduire la même chose que je fais sur un tournoi. C'est-à-dire faire les bons choix, casser les séquences quand il faut les casser, être tactique, ne pas vouloir que ce soit forcément beau. C'est aussi ça je pense qui a changé dans ma tête ces derniers temps : j'accepte de gagner sans que ce soit beau. Mais, par contre, c'est efficace. En fait, il faut que les planètes soient toutes alignées le jour de ces championnats d'Europe. Ce qui va plaider pour moi, c’est que, lorsqu’il y a du monde et quand les gens regardent mes combats, c'est là où je me transcende. Comme sur mon combat pour le bronze au Grand Chelem de Paris, où j’étais le seul Français en action. Le soutien m’anime. Après, ça reste du judo, je sais ce que je dois faire.

Il y a cinq ans, tu lançais véritablement ta carrière internationale en étant sélectionné sur les championnats d’Europe de Tel Aviv. Qu’est-ce qui a changé depuis ?
D’Israël, je garde un bon souvenir parce que je disputais mes premiers championnats d'Europe et aussi parce que j'avais terminé septième. C'est compliqué de dire ça, mais il y avait une certaine satisfaction de me classer d’entrée. Aujourd'hui, j'aspire à mieux, et j’espère vraiment arriver sur ces championnats d’Europe dans les meilleures conditions pour pouvoir m’installer encore davantage dans la catégorie.