Adama Touré : « Je resterai un supporter de Paris à vie »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction l'Allier, à Moulins, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Adama Touré (génération 1991), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Adama, peux-tu nous rappeler dans quelles circonstances avais-tu été amené à rejoindre le Paris Saint-Germain à l'été 2009 ?

« J'ai intégré le Paris Saint-Germain suite à un essai au Camp des Loges, après avoir déjà tenté ma chance par le passé à Nantes, Monaco et Toulouse. J'ai signé un contrat stagiaire professionnel d'une durée de deux ans en juillet 2009. J'évoluais auparavant au Stade Malien, club de Bamako où j'ai grandi. Dès l'âge de 15 ans, je jouais en équipe première ! Je connaissais un peu le PSG avant d'y venir, car mon compatriote Bassirou Dembélé (génération 1990) avait été recruté la saison précédente. Il m'avait beaucoup parlé de l'aspect physique du football européen totalement différent du football africain, tout comme pour l'intensité des matches et l'organisation autour des compétitions. Et puis il y avait la qualité des installations, le pack avec toutes les tenues remis dès mon premier jour, la discipline instaurée par les coaches... Un changement radical ! Comme tout jeune footballeur africain, j'avais ce rêve que ma passion devienne un métier. »

Tes premiers pas en Rouge et Bleu ont malheureusement été retardés...

« Je n'ai effectivement pu jouer qu'à partir de janvier 2010, pour des raisons administratives, ce qui ne m'a pas empêché d'être très bien intégré par l'ensemble des joueurs et du staff. J'ai suivi une préparation jusqu'en novembre, avant de passer les fêtes de fin d'année au Mali. Je n'ai donc pas subi le choc climatique ! À mon retour, j'ai débuté directement avec l'équipe réserve en CFA, dirigée par Bertrand Reuzeau. J'ai inscrit un doublé dès mon premier match contre Yzeure ! J'étais un milieu de terrain axial, mais il aimait bien m'utiliser aussi en faux ailier. En parallèle, j'alternais avec les U19 Nationaux sous la coupe de David Bechkoura. Je vivais au Centre de Formation situé au Camp des Loges. Même si parfois j'étais nostalgique de mon pays, j'avais le soutien de ma famille. Certains de mes oncles habitaient à Paris et une tante à Nice, ce qui a facilité mon évolution. Les entraîneurs et les dirigeants ont toujours tout fait pour que je me sente bien. »

Quels sont tes meilleurs moments vécus sur la pelouse avec Paris ?

« Le tout premier trophée de ma carrière fut le titre de champion de France U19 acquis en 2010. J'ai encore la médaille chez moi ! Ce moment restera à jamais gravé dans ma mémoire. Nous avions battu l'AS Monaco de Layvin Kurzawa en finale, après avoir éliminé le FC Nantes aux tirs-au-but. Lors de cette phase finale, j'ai compris ce qu'était la culture de la gagne ! Je prenais un plaisir immense au contact de mes coéquipiers. Étant plutôt doué techniquement, mon adaptation avait plutôt été rapide. C'est davantage sur le plan tactique que j'ai dû faire de gros progrès. Mes bonnes performances ont tapé dans l'œil d'Antoine Kombouaré. J'ai participé à une tournée américaine en affrontant les Chicago Fire et l'Étoile Rouge de Belgrade dans le cadre du Chicago Trophy, puis à la préparation de la saison 2010-2011 parmi les Giuly, Hoarau, Sessegnon, Makélélé, Luyindula, Armand, Camara... De nature réservée, j'étais très intimidé ! Je m'entendais très bien avec Mamadou Sakho qui a facilité mes premiers pas au sein du groupe. J'ai pris part à des matches amicaux contre Évian et le Sporting Lisbonne, mais aussi en étant titulaire contre l'AS Rome lors du dernier match disputé au Parc des Princes. Des étoiles plein les yeux ! Tout était allé si vite pour moi, j'y croyais de plus en plus... »

Et puis patatras, une pubalgie !

« Contre l'AS Rome, j'avoue avoir joué en serrant les dents. Je ressentais des douleurs à l'aine depuis un certain temps, mais je n'en ai fait qu'à ma tête. J'étais persuadé que cette opportunité ne se représenterait pas de sitôt. Et puis vînt cette pubalgie qui m'a écarté des terrains durant plusieurs mois. Alors que je pensais que ma chance était définitivement passée, Antoine Kombouaré m'a fait entrer en jeu lors d'un match amical disputé avec l'équipe professionnelle contre le WAC Casablanca, pour inaugurer le Grand Stade de Marrakech. Un moment exceptionnel vécu en compagnie de mes potes du Centre de Formation : Loïck Landre, Florian Makhedjouf, Yacine Qasmi et Jean-Christophe Bahebeck. Je me suis donné à fond avec l'équipe réserve (16 matches, 4 buts) en espérant parvenir à signer mon premier contrat professionnel. »

Laissé libre en juillet 2011, c'est finalement au FC Lorient que tu as paraphé ce document...

« À cause de ma blessure, j'avais pris trop de retard sur certains de mes coéquipiers du Centre de Formation pour espérer continuer l'aventure en Rouge et Bleu. J'ai subi une opération juste avant la reprise de la Ligue 1 qui a littéralement freiné ma progression. Après une séance d'entraînement effectuée au FC Lorient, j'ai signé mon premier contrat pro d'une durée d'un an. J'étais très content de pouvoir rebondir, mais ce fût très dur de quitter Paris car mon rêve ultime était d'y disputer au moins un match officiel. Je suis convaincu que j'aurais pu y réaliser de meilleures choses si j'avais traité à temps ma blessure. Quand on quitte son pays et qu'on laisse ses proches loin derrière soi, on veut à tout prix réussir ! Cette épreuve m'a servi de leçon et j'espère qu'elle servira à tous les Titis d'aujourd'hui. Malgré cette déconvenue, mon passage à Paris m'a ouvert beaucoup de portes par la suite. J'ai eu cette chance de jouer dans ce club mythique et ça personne ne me l'enlèvera. »

Quelle est ton actualité footballistique ?

« Après avoir évolué en National 2 avec le SC Schiltigheim, j'ai rejoint l'Avenir Foot Lozère en Régional 1. La trentaine approchante, j'avais mis une croix sur mes ambitions de retrouver le plus haut niveau. Je n'avais plus les mêmes rêves que lorsque j'étais gamin. La crise sanitaire a finalement accéléré cette prise de conscience et je me suis dirigé vers le métier d'entraîneur. J'ai intégré un club dans la région de Lens où j'ai dirigé l'équipe U13 durant deux ans, tout en passant mes diplômes. Cette saison, j'officie au sein du club de Moulins dans l'Allier, en première division de district. En parallèle, je travaille dans un supermarché. Ce n'est pas du tout difficile à accepter car je me dois de travailler pour élever du mieux possible ma fille âgée de 9 ans. Chacun son chemin, ainsi est fait le football ! J'ai un parcours de vie qui me permet de relativiser ma situation actuelle. Il m'arrive parfois d'avoir quelques nouvelles de mes anciens coéquipiers comme Alphonse Areola, Neeskens Kebano ou bien Mamadou Sakho. Je suis très fier de leur réussite. Je resterai un supporter du PSG à vie ! J'adore vivre de grandes émotions en encourageant l'équipe fanion du club même si je suis parfois excessif devant ma télévision ! »

PROFIL :

Date de naissance : 28 août 1991
Lieu de naissance : Bamako (Mali)
Poste : milieu de terrain

Clubs successifs : Stade Malien (2006 à 2009), Paris Saint-Germain (2009 à 2011), FC Lorient (2011 à 2012), Sporting Gijon (2012 à 2015), CE Sabadell FC (2015 à 2016), Real Aviles CF (2017 à 2018), SC Schiltigheim (2018 à 2019), Avenir Foot Lozère (2020 à 2021)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U19 (2010)
Équipe du Mali : U17 (3 sélections), U20 (4 sélections)