Abdelrafik Gérard : « Paris a développé en moi un mental de champion ! »
Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction les Hauts-de-Seine, à Colombes, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Abdelrafik Gérard (génération 1993), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.
Abdelrafik, tu as la particularité d’avoir porté le maillot du Paris Saint-Germain lors de deux périodes bien distinctes. Peux-tu nous expliquer les raisons de ce va-et-vient ?
« En parallèle à mon entrée à l’INF Clairefontaine, j’ai signé au Paris Saint-Germain en provenance de l’ACBB. Le club me suivait déjà depuis plusieurs saisons. C’était le plus grand club de l’Île-de-France, c’était une forme de logique de le rejoindre. J’ai intégré l’équipe des U13 DH sous la coupe de Sébastien Thierry. À cette période, je n’avais pas encore cette volonté de vouloir devenir à tout prix un footballeur professionnel. J’ai eu un peu de mal à m’exprimer sur le terrain car le jeu était très structuré. J’avais toujours eu l’habitude de dribbler avec une certaine liberté. Je n’étais pas encore prêt mentalement à faire face à cette exigence, voilà pourquoi j’ai rejoint l’Entente SSG la saison suivante. »
Porter le maillot Rouge et Bleu avait-il une saveur toute particulière malgré ce premier rendez-vous manqué ?
« Quand j’ai enfilé la tenue pour la première fois, j’ai éprouvé un sentiment indescriptible. Une sensation d’être en mission ! Quand je me suis regardé dans le miroir et que j’ai vu le blason avec la Tour Eiffel sur mon cœur... Là j’ai réalisé que ça représentait quelque chose de sérieux. Je jouais pour le club de la ville de Paris, pour le plus grand club de France. J’étais propulsé dans une autre dimension. Peut-être que le fait de m’entraîner à l’INF Clairefontaine du lundi au vendredi n’a pas facilité mon intégration, car par conséquence je n’avais des moments de complicité avec mes coéquipiers que lors des matches du week-end. Nous avions une formidable équipe avec Youssouf Sabaly, Alphonse Areola, Hervin Ongenda, Pierre Bourdin, Nicolas Rajsel, Axel Ngando, Philtzgérald Mbaka... »
Après deux saisons disputées sous le maillot de l’Entente SSG puis celui de l’INF Clairefontaine, te revoilà à Paris ! Avec un tout autre état d’esprit ?
« Oui, je débarque avec une certaine maturité. Paris me fait confiance une seconde fois, je suis alors déterminé à la lui rendre. Très vite, on me fait comprendre que l’on compte sur moi. Je suis surclassé avec les U19 Nationaux dirigés par David Bechkoura. J’ai travaillé physiquement comme jamais ça n’avait été le cas par le passé car à l’INF, tout était axé sur la technique. J’ai dû m’accrocher car mon jeu était vraiment basé sur les dribbles. J’ai donc appris à m’adapter. Au fil des semaines, j’ai senti que j’étais de mieux en mieux dans le jeu, que je tenais davantage dans la durée. Je voyais vraiment le fruit de mes efforts. J’étais motivé comme jamais ! »
Et puis patatra...
« Deux blessures coup sur coup, deux ruptures du ligament croisé du genou... difficile de faire pire ! Elles m’ont tenu écarté des terrains pendant de longs mois. La seconde fut plus difficile à vivre car à peine remis de la première, j’ai rechuté. C’est arrivé lors d’un match contre Lille juste avant de disputer les playoffs en U19 Nationaux. On a remporté le titre de champion de France, mais j’aurais tant aimé être sur la pelouse avec mes potes. Nous étions tous revanchards suite au titre perdu aux tirs au but la saison précédente contre le FC Sochaux, en U17 Nationaux. J’ai eu sur le moment l’impression que le monde s’écroulait mais très vite, je me suis rappelé pourquoi j’étais là. J’avais un objectif, des ambitions et, surtout, un rêve. Alors je me suis accroché pour revenir. »
Un retour réussi qui débouche sur des entraînements avec les pros. Impressionnant ?
« C’est le bon mot ! Maxwell, Alex, Thiago Silva, Lavezzi, Lucas, Pastore, Ménez, Verratti, Thiago Motta, Ibrahimovic… Rien que d’énumérer la liste de joueurs, j’en ai encore des frissons ! Le niveau de jeu était incroyable. Les contrôles, les passes, les appels, tout était fait avec précision et avec vitesse. Avoir ce privilège de m’entraîner avec de tels joueurs a accéléré mon apprentissage. J’ai vécu cette expérience à mon retour de blessure, ce qui ne fut pas des plus évidents car je manquais encore de motricité. J’étais parfois un peu frustré, de ne pouvoir être au top de ma forme pour réellement démontrer mon potentiel. Mais je vivais cela comme une chance que tout jeune de mon âge aurait aimé vivre. »
Comment as-tu vécu ton départ du club en 2014 ?
« Si on fait un bilan, mes blessures ont clairement freiné ma progression. Toutefois, j’ai bossé dur pour retrouver mes qualités. J’ai réalisé une grosse préparation physique, avec énormément de travail en salle pour revenir à mon niveau. J’ai disputé 30 matches en National 2 (ex-CFA) avec l’équipe réserve lors de mes deux dernières saisons, ce qui m’a permis de retrouver du rythme. Le club m’a fait un signer un contrat professionnel d’un an à l’été 2013, une belle preuve de confiance. Malheureusement, j’ai dû faire face à une forte concurrence avec des joueurs comme Kingsley Coman et Hervin Ongenda qui redescendaient régulièrement. Mon temps de jeu s’en est fortement ressenti. Mon aventure à Paris s’est clôturée ainsi, mais j’ai rebondi à l’US Créteil en Ligue 2 sous la coupe de Jean-Luc Vasseur, puis au RC Lens. Je n’ai jamais eu la moindre animosité envers mon club formateur. Bien au contraire, il m’a appris à toujours me surpasser en recherchant l’excellence. Il a su développer en moi un mental de champion ! »
Désormais quel est ton rapport au Paris Saint-Germain ?
« Je suis toujours supporter de Paris. J’ai grandi dans ce club donc forcément il ne me laissera jamais indifférent. Même si ces dernières années, j’étais trop loin pour assister aux matches de l’équipe professionnelle, je ne perdais pas une miette de l’actualité du club. Je suis content de voir l’évolution du petit Warren (Zaïre-Emery), preuve que les Titis doivent croire en eux car ils ont les qualités pour réaliser leurs rêves dans leur club de cœur. Beaucoup de joueurs formés au club jouent au plus haut niveau, il n’y a donc pas de raison d’y parvenir sous le maillot rouge et bleu. Force et courage à tous les Titis ! »
Tu as fait ton retour en Île-de-France en janvier dernier. Comment ton intégration au Racing CF s'est-elle passée ?
« J’ai effectivement rejoint le projet du Racing CF qui évolue en National 2. Le club est ambitieux et possède un staff compétent. Nous sommes actuellement deuxièmes du groupe A, ce qui nous permet de toujours croire à la montée en National 1. C’est un club qui me correspond car il règne un état d’esprit familial. Il y a également de très bons joueurs qui méritent d’évoluer plus haut. Toute proportion gardée, le projet de jeu me rappelle un peu celui pratiqué au Paris Saint-Germain. Je prends énormément de plaisir au quotidien. J’en avais vraiment besoin après une période compliquée lors de laquelle j’ai été amené à faire une pause. La crise sanitaire est apparue lorsque j’ai signé en Azerbaïdjan, ce qui a engendré certaines complications. Aujourd’hui, je m’éclate en jouant au foot, ma passion depuis tout petit. Je ne cherche rien de plus. Le plaisir avant tout ! »
PROFIL :
Date de naissance : 8 juin 1993
Lieu de naissance : Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)
Poste : milieu de terrain
Clubs successifs : Red Star FC 93 (1999 à 2000), Racing CF (2000 à 2002), AC Boulogne-Billancourt (2002 à 2006), Paris Saint-Germain (2006 à 2007), Entente SSG (2007 à 2008), INF Clairefontaine (2006 à 2009), Paris Saint-Germain (2009 à 2014), US Créteil (2014 à 2016), RC Lens (2016 à 2018), Royal Union Saint-Gilloise (2018 à 2020), FK Qabala (2020), Racing CF (depuis janvier 2023)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : champion de France U19 (2011), vice-champion de France U17 (2010)
Toutes les interviews des anciens Titis