Thomas Tuchel, l’élu Parisien

Le stratège allemand, très rapidement dans son élément à Paris, a prolongé son aventure dans la capitale jusqu’en 2021. Dès son intronisation, sa personnalité a fait l’unanimité dans l’effectif, de quoi fédérer le groupe professionnel autour de ses idées. Aujourd’hui, Thomas Tuchel s’inscrit donc légitimement dans la durée. Son style, ses résultats, son aura : retour sur ses premiers mois de mandat.

 

Le Trophée des Champions, symbole de son intégration

La scène est mémorable, surtout lorsque la communion se vit en mondovision ! Le 4 août dernier, à Shenzhen, le Paris Saint-Germain vient de s’adjuger son 6e Trophée des Champions d’affilée en surclassant Monaco (4-0), et le spectacle se prolonge en salle de presse. Invité par Thiago Silva à fredonner une chanson en guise de bizutage, Thomas Tuchel s’exécute et entonne le titre « Happy » de Pharrell Williams avec un enthousiasme démonstratif. Communicatif aussi, puisque le groupe reprend à l’unisson ce morceau qui porte décidément bien son nom. Le temps d’un instantané, les caméras ont été oubliées, pour laisser place à une complicité authentique.

Dans la chaleur chinoise, le 27e coach de l’histoire du club vient de livrer, sans filtre, un pan de sa personnalité : la « positive attitude ». Rien n’est calculé mais la tendance est pourtant facile à déchiffrer : en quelques semaines seulement, la greffe a pris. Sans avoir besoin de passer par la case opération séduction, le premier entraineur allemand du Paris Saint-Germain a suscité l’adhésion.

Neymar Jr : « Quand tu as cette grande affection envers ton entraîneur, tu donnes ta vie sur le terrain »

Sa méthode ? Un management au carrefour de la responsabilisation et de la confiance accordée. Dès leur première entrevue au printemps 2018, Neymar Jr, que le technicien parisien qualifie régulièrement publiquement de « leader technique » ou encore « d’artiste », fut séduit. À la mi-saison, lors du stage hivernal à Doha, au Qatar, le crack brésilien livrera au micro de Canal+ : « Depuis la première fois qu’on s’est parlé, j’ai développé cette grande affection envers lui. Quand tu as cette grande affection envers ton entraîneur, tu donnes ta vie sur le terrain. Alors, pour lui, je ferai de mon mieux pour gagner. »

Autre cadre, qui a lui aussi régulièrement les clés du jeu : Marco Verratti. Et aux yeux du métronome italien également, Thomas Tuchel semble avoir trouvé le bon sésame. « Il y a vraiment beaucoup de leaders dans l’effectif, cette année on ne dépend pas d’un, deux ou trois joueurs. C’est grâce au coach, sa façon de travailler nous fait tous sentir importants », confiait le numéro 6 parisien dans l’épisode 26 de This is Paris, diffusé fin février. Quelques jours plus tard, Marco le maestro ajoutera en guise d’hommage, dans les colonnes du Parisien : « Il arrive à rentrer dans la tête des joueurs. Il a ramené une énergie positive à Paris, on va toujours à l’entrainement avec le sourire, tout en étant à fond. Il ne fait pas des réunions de deux heures, mais des réunions courtes où quand tu sors, tu sais ce que tu dois faire sur le terrain. Il nous simplifie la vie. » Comme sur le terrain, il faut souvent lire entre les lignes, et l’international transalpin soulève ici l’audace tactique de Thomas Tuchel.

Une audace tactique, un management au mérite

Cette saison, sa propension à remodeler son onze de départ s’est particulièrement illustrée, en repositionnant des éléments dans d’autres registres (Marquinhos, Bernat ou Dani Alves au cœur du jeu), ou encore en favorisant l’émergence de nouveaux talents. Avec lui, les « Titis » comme Colin Dagba, Stanley Nsoki ou encore Moussa Diaby ont clairement grandi, et se sont même épanouis.

Un management au mérite, loué par Moussa Diaby, là encore au micro de This is Paris (épisode 22) : « En début de saison, on a eu deux-trois entretiens avec le coach, car je souhaitais partir en prêt. On a discuté et lui ne voulait pas trop que je parte. J’ai accepté de relever le défi, il m’a dit que j’allais avoir du temps de jeu, qu’il me faisait confiance. Et quand votre coach vous dit cela, évidemment, cela vous rassure un peu… » Une assurance qui a finalement surtout rimé avec constance pour l’intéressé.

Un mentor et des records

Stars planétaires ou pépites en gestation : le même respect transparait à l’évocation du maitre à jouer des Rouge et Bleu. Le football n’étant pas une science exacte, il y eu certes des passages à vide ponctuels dans cet exercice, mais la balance invite clairement à l’optimisme. En L1 par exemple, Thomas Tuchel affiche 76,3% de victoires (29 sur 38 journées), soit le meilleur ratio pour un entraineur parisien en championnat (2,4 points pris en moyenne par match).

Lui qui est devenu le premier stratège allemand à décrocher le titre de champion dans l'un des 5 grands championnats européens (hors Bundesliga), depuis Bernd Schuster avec le Real Madrid en 2007-2008, aligne d’autres temps de passage significatifs. En remportant ses 14 premières rencontres de L1, le Paris Saint-Germain version Tuchel a réalisé le meilleur démarrage de l’histoire, s’emparant au passage du plus grand nombre de victoires consécutives sur une saison.

En prônant un football offensif, il a aussi permis au public parisien de se régaler, à l’image d’un 9-0 collector infligé à Guingamp en janvier (la plus large victoire historique enregistrée au Parc). Le constat est d’ailleurs valable à l’échelle de la saison, avec une hospitalité maison tout simplement canon (17 victoires en 19 réceptions en L1, 53 unités cumulées, soit le plus grand total de points pris à domicile en L1) ! Et des buts à la pelle pour les champions de France, qui ont bouclé ce cru 2018-2019 en ayant systématiquement scoré lors de chacune des 38 journées (du jamais vu dans l’histoire de notre championnat, à 20 clubs).

Autant d’indicateurs évocateurs, à mettre au crédit d’un effectif façonné, guidé, par un personnage qui s’inscrira donc à long terme dans le paysage : Thomas Tuchel. Ici c’est Paris. Ici, c’est désormais chez lui.