Presnel Kimpembe, la force des 200 matches

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Le défenseur parisien a passé ce week-end le cap symbolique du 200e match avec le maillot du Paris Saint-Germain. Retour sur l’histoire du titi parisien.

Ce lundi, le Président Nasser Al-Khelaïfi a souhaité remettre à Presnel Kimpembe un trophée pour avoir disputé son 200e match avec le Paris Saint-Germain, à l'occasion de la rencontre de la 17e journée de Ligue 1 face au RC Lens. Un trophée honorifique, pour un cap hautement symbolique.

Il faut dire que l’histoire d’amour entre le club de la capitale et le jeune « Presko » ne tombe pas du ciel. Si ce petit garçon d’origine haïtio-congolaise a découvert le ballon rond à l’AS Éragny (Val-d’Oise) en région parisienne, il n’avait que 10 ans lorsqu’il a rejoint le Centre de Formation du Paris Saint-Germain, en 2005. Jusqu’en U15, Kimpembe était plus petit que les autres. Mais il a appris à compenser, par son sens de l’anticipation, sa hargne dans les duels, sa robustesse. Pur produit des classes parisiennes, le jeune titi a pris de la hauteur, de l’âge, et traversé toutes les catégories de jeunes jusqu’à rejoindre la réserve, les U19, et taper à la porte de l’équipe professionnelle.

En 2014, le défenseur vivait ses tous premiers matches au contact de l’équipe A de Laurent Blanc, puis entrait en scène dans l’élite en prenant part à 15 petites minutes face… au RC Lens. Et signait quelques mois plus tard son tout premier contrat professionnel. La saison suivante, Presko continue de se forger, en disputant 9 matches, et poursuivant son apprentissage dans l’ombre des Brésiliens Thiago Silva, David Luiz et Marquinhos. Mais c’est la saison 2016-2017 qui marquera un tournant dans sa très jeune carrière.

14 février 2017, alors que le capitaine Thiago Silva se blesse au mollet, c’est le jeune Kimpembe qui est appelé en renfort de dernière minute par Unai Emery pour le choc face FC Barcelone, en 8e de finale de la Ligue des Champions. Un match de gala, étouffé par la pression, avec une montagne à gravir pour son tout premier match européen : stopper la MSN. Le jeune parisien n’a que 21 ans, l’inexpérience des rendez-vous, mais une volonté d’acier. Avec l'assurance d'un taulier, Kimpembe ne panique pas, muselant ce soir-là l’une des plus belles triplettes offensives du monde, et cadenassant chaque initiative catalane dans son espace. « Malgré la désillusion du match retour, c’est un souvenir qui restera toujours dans un coin de ma tête », commentait plus tard le n°3. L’éclosion avait opéré.

L’année 2017-2018 sera ensuite un tournant. Avec pas moins de 38 matches au compteur, Kimpembe accumule l’expérience au plus haut niveau, et prétend peu à peu à s’offrir une place pérenne dans la charnière centrale parisienne. Mais il ne manque pas non plus l’occasion d’afficher sa polyvalence notamment au poste de latéral gauche, quand il y est sollicité. Le reste de la France découvre sa jovialité durant l’été 2018, au cours duquel il est sacré champion du monde avec les Bleus de Didier Deschamps, après avoir fait toutes ses classes dans les catégories de jeunes. 22 ans, sourire aux lèvres et Coupe à la maison.

La saison 2018-2019 lui fera aussi une belle place, Presko prenant part à l’intégralité des 8 matches de Ligue des Champions disputés par le club de la capitale. On se souvient notamment de son match face à Galatasaray, où il détient encore à ce jour le record de duels disputés et gagnés (17) pour un défenseur de Paris sur un match de Ligue des Champions depuis 2003-2004. Il y a aussi eu des ascenseurs émotionnels, comme ce but inscrit à Old Trafford et ce penalty concédé au Parc des Princes, mais c’est ainsi que le n°3 a forgé sa carapace. Grandir dans les épreuves individuelles et dans les joies collectives.

Et puis c’est cette année-là, aussi, que Kimpembe commence à passer autour du bras ce tissu synonyme de capitanat. Comme la marque des grands, affichant leur leadership sur le rectangle vert. L’envol continuera d’ailleurs la saison suivante, Presnel étant devenu un titulaire indiscutable, durant cette campagne 2019-2020 marquée par la toute première finale de Ligue des Champions de l’histoire du club parisien.

2020-2021 sera l’année où Kimpembe deviendra officiellement le vice-capitaine des Rouge et Bleu, forgeant un binôme inoxydable avec Marquinhos. Il est d'ailleurs devenu le 3e joueur de Ligue 1 comptant le plus de victoires depuis 2014-2015, derrière Marquinhos (144) et Thiago Silva (121). Logique donc qu’il ait aussi appris à endosser le rôle de grand frère, un modèle et un repère pour les jeunes du Centre de Formation, dont il est le plus bel ambassadeur.

Détermination, rigueur, implication : les adjectifs manquent pour qualifier ce qu’est devenu l'apprenti footballeur. De sa hargne et de sa dévotion, on gardera notamment l'une des plus belles actions de la première partie de championnat : face à Lille, son tacle sacrifice dans les pieds de Burak Yilmaz, geste héroïque qui lui a coûté une lésion à la cuisse, mais qui prouve s’il le fallait sa dévotion pour son club de cœur.

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Nous voilà donc à l’aube de 2022. L’international français est sur le point d’achever cette année en ayant forgé, à travers toutes les compétitions, une solidité de tous les instants, une capacité à fédérer sur le terrain et à lier dans le vestiaire. Une maturité acquise au fil des saisons, qui fait de lui l’un des derniers remparts les plus solides de la capitale. Et l’un des joueurs les plus expérimentés, aussi, puisque le titi est le 4e joueur le plus capé de l’effectif, derrière les cadres Marquinhos (340 matches), Angel Di Maria (277) et Marco Verratti (356).

Et si cette année a aussi été marquée par le retour des supporters dans les stades, sa présence sur le terrain ne doit pas non plus être anodine dans les performances des siens à domicile, les Parisiens n’ayant pas perdu le moindre match depuis le début de saison dans la forteresse du Parc des Princes. Kimpembe y gronde, y rugit, y est chez lui. L’âme est teintée de Rouge et de Bleu. Un natif de la capitale fidèle à ses couleurs et pour qui « mouiller le maillot » ne sera jamais un simple adage. De Lens en 2015 à Lens en 2021, 200 matches se sont écoulés. Un seul constat : au Paris Saint-Germain « La Force » s’est imposée, le logo vissé sur le cœur.

La stat à connaître

Presko est le 10e joueur formé au club à atteindre ce total symbolique, après Jean-Marc Pilorget (435 matches), Eric Renaut (290 matches), Luis Fernandez (273 matches), Jean-Claude Lemoult (266 matches), Franck Tanasi (254 matches), Clément Chantôme (249 matches), Francis Llacer (248 matches), Adrien Rabiot (227 matches) et Mamadou Sakho (201 matches).