Nasser Al-Khelaïfi : « Un grand merci à nos supporters »

Le 31 août, à Paris, Nasser Al-Khelaïfi a livré au Magazine Officiel son regard sur l’inoubliable été européen des Rouge et Bleu tout en dressant un bilan des neuf premières années de QSI à la tête du club de la capitale. Extraits d’une longue interview du Président du Paris Saint-Germain, à paraître en fin de semaine prochaine dans le numéro collector du Magazine consacré aux 50 ans du Club.

Qu’a ressenti le Président du Paris Saint-Germain en voyant son équipe atteindre pour la première fois de son histoire la finale de la Ligue des champions ?

Je me suis d’abord dit aussi qu’il était vraiment très spécial de voir le club se retrouver en finale au moment même où il atteignait le cap des 50 ans. Que le Paris Saint-Germain vive pour la première fois une finale de Ligue des champions à un tel moment de son histoire, c’est un symbole qui m’a beaucoup touché. J’ai également pensé à l’énorme travail réalisé depuis notre arrivée à la tête du club, en 2011. Pendant ces neuf années, j’ai voulu un PSG capable de regarder les yeux dans les yeux les plus grands clubs du monde. Nous y étions déjà parvenus avant cette finale à Lisbonne, mais nous sommes désormais entrés dans une autre catégorie.

Avoir vu votre équipe se hisser en finale, est-ce la plus grande satisfaction de votre présidence ?

Oui, on peut le dire. Pour être honnête, beaucoup d’émotions se sont mélangées en voyant le PSG arriver en finale de la Ligue des champions. C’est un sentiment à part que de se retrouver en finale. Je me suis senti très fier de l’équipe, qui a réalisé une grande prestation. Malheureusement, nous n’avons pas eu de chance au cours de ce match contre le Bayern, qui aura été très serré. Ça s’est joué à très peu de choses. Bien sûr, tout le monde était triste du résultat mais le travail pour arriver jusqu’en finale aura vraiment été fantastique. Le soir du match, j’ai également pensé à ce que nous vivons tous depuis six mois, à cette pandémie qui a fait tant de victimes et qui changent nos vies. Je l’ai déjà dit et je le répète, les véritables héros de cette année 2020, ce sont les personnels soignants du monde entier et tous ces gens en première ligne pour faire face aux drames provoqués par cette crise sanitaire. Je leur dédie notre parcours en Ligue des champions.

Ce contexte aura exacerbé l’émotion liée à la Ligue des champions 2020 ?

Exactement. Il faut replacer une victoire sportive dans un contexte global. Nous continuons tous de vivre des drames et des inquiétudes liés à cette pandémie. Entre les victimes et leurs proches, des millions de personnes ont été terriblement affectées ces derniers mois. Heureusement, le sport conserve cette force fabuleuse de pouvoir aider les gens à oublier leurs difficultés voire à se sentir plus forts, plus confiants. Encore plus qu’en temps normal, le monde du sport a permis de partager des émotions positives et de diffuser un message d’espoir. Je suis très fier que le Paris Saint-Germain ait été extrêmement impliqué depuis le début de cette crise, pas seulement en apportant de la joie à travers notre parcours européen, mais aussi à travers toutes les actions que nous avons entreprises pour venir en aide aux plus démunis ainsi qu’aux personnels soignants, notamment à travers notre Fondation. Ce soutien, bien sûr, va se poursuivre encore longtemps.

Comment avez-vous ressenti l’engouement observé à Paris, mais aussi ailleurs en France, pendant ce Final 8 ?

C’était fantastique de ressentir toute cette passion derrière l’équipe ! En fait, ils n’étaient pas à Lisbonne, mais c’est comme s’ils y étaient avec nous. Ce tournoi final, nous l’avons disputé en emmenant avec nous l’âme du Parc des Princes. Un moment clé de notre saison restera le match retour face à Dortmund (2-0, le 11 mars). Ce soir-là, le Parc était vide, mais il était plein à l’extérieur, d’une certaine façon… Pour moi, un moment inoubliable aura été l’arrivée des joueurs au stade lorsque le car s’est retrouvé escorté par les chants et les fumigènes des supporters. Cela a donné beaucoup de force à nos joueurs. Cela a créé une dynamique jusqu’à Lisbonne, où nous avons dû nous adapter au contexte particulier de ces matches à huis clos. Du fond du cœur, j’adresse un grand merci à nos supporters, à Paris, en France et dans le monde entier : leur amour a donné une énergie fabuleuse à toute l’équipe pour aller pour la première fois en finale d’une Ligue des champions. Vous savez, c’est ça, un grand club : une grande équipe avec de grands supporters. Notre réussite, c’est aussi la leur, parce qu’ils ont toujours été là pour le club, même au cours des années très difficiles qui ont précédé notre arrivée. Sans le public, sans ces millions et ces millions de supporters, le football ne serait pas ce qu’il est. Ni les joueurs ni nous-mêmes, les dirigeants, ne devons l’oublier.

Comment situer ce résultat en Ligue des champions sur la carte de vos neuf années de présidence ?

C’est un moment majeur, qui me conforte dans l’idée que le club est devenu extrêmement compétitif. Je sais que nous avançons dans la bonne direction. Mais il nous reste beaucoup de choses à accomplir pour aller pleinement au bout du potentiel de notre projet. Avant même cette finale à Lisbonne, le travail réalisé par le Paris Saint-Germain était déjà unique au monde, surtout sur une période aussi courte. Mais, j’insiste sur ce point, nous pouvons aller encore beaucoup plus loin.

À l’heure où le club vient d’atteindre le cap des 50 ans, quel regard portez-vous sur vos prédécesseurs ?

Je les salue tous et je leur témoigne ici toute ma reconnaissance pour l’extraordinaire travail qu’ils ont réalisé. Certains ont créé le club, comme Guy Crescent et Henri Patrelle ; d’autres lui ont donné une nouvelle dynamique, comme Daniel Hechter. D’autres en ont fait un club populaire, comme Francis Borelli. Après lui, dans les années 1990, Canal+ a modernisé le club et lui a permis de vivre de très grandes heures sur la scène européenne à l’époque de Michel Denisot. Plus proche de moi dans le temps, je pense à un président comme Alain Cayzac. Depuis trente-cinq ans, c’est un grand passionné du PSG et je prends toujours un grand plaisir à échanger avec lui, notamment lorsque nous nous croisons lors des conseils d’administration de la Fondation.
Alors, pour moi, c’est une évidence de dire que sans les 460 joueurs, sans tous les entraîneurs et dirigeants passés par le PSG, ce grand parcours en Ligue des champions n’aurait jamais été possible. Et il n’aurait pas non plus été possible sans le travail de tous les collaborateurs passés pendant toutes ces années dans les différents services du club avec l’ambition, chacun dans leur métier, de le faire grandir. Je les remercie tous. Et je leur dis : 50 ans ou pas, par rapport à beaucoup d’autres clubs, nous serons toujours le plus jeune, et voilà une excellente chose ! Restons jeunes éternellement… (Il sourit).