Interview croisée : Keylor Navas et Christiane Endler

Keylor Navas et Christiane Endler réunissent plusieurs points communs. Capitaines de leur sélection nationale, ils évoluent au même poste, et viennent tous deux d’Amérique du Sud. Ayant dû s’armer de patience pour atteindre le haut niveau, le portier costaricien est fier de voir de nombreux Sud-Américains comme Christiane Endler connaître cette même trajectoire.

« C'est très bien qu'à Paris, nous ayons un gardien d'Amérique centrale et une gardienne d'Amérique du Sud. Je crois que depuis nos pays, nous essayons toujours de faire ce saut vers l'Europe et d'atteindre un grand club. On a la chance d'être ici et d'en profiter, de réaliser un rêve. Quand nous étions petits, pouvoir faire un saut aussi important était un rêve. Aujourd'hui, c'est une réalité, et nous devons en profiter au maximum. »

Contrairement à Keylor, Parisien depuis cet été, Christiane dispute elle sa troisième saison au sein du club de la capitale : « C’est la même chose pour moi, c'est un honneur d'être ici, un plaisir que le club est recruté quelqu'un qui vient de si loin. C'est toujours un peu plus difficile pour nous d'arriver en Europe et d’être vu par les grands clubs. C'est un rêve qui s'est réalisé pour moi, de pouvoir rivaliser face aux meilleurs clubs féminins du monde. J'espère pouvoir faire de mon mieux pour aider l'équipe. »

Conscient de l’importance de son poste, Keylor Navas a sa propre manière d’aborder et de vivre son match pour se mettre dans les meilleures conditions. « C'est une question de concentration de mon point de vue, parce qu'il faut toujours vivre le jeu, essayer d'être attentif. Dans mon cas, j'essaie toujours de parler à mes coéquipiers, de crier beaucoup, d'essayer de corriger certaines positions à certains moments, d'être attentif aux mouvements possibles que les attaquants adverses peuvent faire. Cela m'aide beaucoup à être concentré, à vivre le match et, au moment où je dois travailler, toujours le faire avec cette intensité, avec cette tension nécessaire pour pouvoir bien répondre. »

Une mentalité qui lui réussit plus que bien au vu de son grand match face au Real Madrid en UEFA Champions League. Le gardien costaricien a livré une prestation de haut vol face aux Espagnols en réalisant notamment dix arrêts. Un record pour un gardien de but parisien dans la compétition depuis plus de quinze ans.

Un début de saison réussi donc, tout comme celui de Christiane Endler et ses coéquipières. L’équipe féminine est actuellement deuxième de son championnat avec la deuxième meilleure défense. Une statistique qui démontre l’importance de la Chilienne dans cet effectif. Elle aussi considère que la communication avec ses partenaires sur le terrain, notamment avec sa capitaine Irene Paredes, est fondamentale: « C'est important d'avoir toujours une bonne relation. Heureusement, elle, qui dirige un peu la défense, parle espagnol et nous pouvons mieux communiquer. Mais je pense qu'il est très important d'avoir une bonne communication avec l'ensemble de la défense, de diriger et d'ordonner. Qu'elles sachent que je suis derrière elles, toujours concentrée et assumant mes responsabilités. Cela leur donne la confiance nécessaire pour jouer plus librement. Il est important de toujours avoir cette bonne communication. »

Pour Christiane, la principale qualité de Keylor se trouve au niveau de son talent intrinsèque exceptionnel, et sa réactivité dans les cages : « J'aime son agilité, sa vitesse de déplacement et sa réactivité. C'est un gardien de but, qui vit son match, qui est toujours attentif à ce qu'il se passe et à la vitesse à laquelle il doit agir, j'adore cela. »

Navas quant à lui loue la force mentale de son homologue durant les échéances importantes de son équipe : « Je pense qu'elle mérite ce qui lui arrive. Personne ne lui a fait de cadeaux. Je pense que cela forge la mentalité d'une gardienne comme elle. Nous connaissons tous ses qualités, mais il y a une chose qui est importante : la mentalité, la personnalité, être capable d'être là. Jouer dans une grande équipe n'est pas facile et être capable d'être là, sachant que je dois pouvoir compter sur mes capacités à tout moment et aller de 0 à 100, est un exercice difficile. Je pense qu'elle le fait à merveille. C'est important de savoir comment être, parce qu'il y a des gardiens de but, même des très bons qui, au moment d'être là et de faire le geste qu'il faut, n'y arrivent pas. Elle réussit à le faire et c'est vraiment admirable. Elle le fait avec une capacité qui donne l'impression que c'est facile alors que cela ne l'est pas du tout. C’est là que l’on se rend compte de tout son talent. »

Nos deux gardiens affronteront le même adversaire en ayant le même but : gagner. « Les hommes comme les femmes, nous voulons gagner ! Et si nous avons le même adversaire, je pense que nous devons imposer ce respect à chaque moment. Ce serait une joie pour nous qu'elles gagnent leur match et je sais qu'elles seront aussi heureuses si, de notre côté, nous gagnons. Nous devons montrer que l’on est le Paris Saint-Germain, un grand club. Mais nous devons aussi faire preuve d'humilité dans tous les stades, de tranquillité, tout en ayant confiance car nous pouvons bien faire les choses et nous pouvons gagner dans toutes les catégories, aussi bien hommes que femmes », souligne Keylor.

Un rapprochement entre la section masculine et féminine de la part du club que loue aussi la gardienne chilienne : « C'est aussi important de faire ce genre de choses et d'impliquer le football féminin avec le masculin, parce que nous allons jouer le même match. C’est bien de les voir un peu plus. Je pense que c'est important pour le club et ça le rend encore plus grand grâce à l'importance qu’il accorde au football féminin en l’intégrant de plus en plus. C'est une très bonne initiative de la part du PSG, que je salue. »