Alors que la Gopass Arena de Bratislava est presque vide au soir de ce premier jour de compétition, le débriefing est déjà bien entamé. Il y a des regrets, bien sûr, pour l’un et l’autre des deux engagés Rouge et Bleu du jour. Peut-être encore plus du côté d’Alexis Renard, qui menait d’un yuko lors de sa finale contre l’intimidant Azerbaïdjanais Mahammad Musayev, déjà sacré chez les cadets il y a deux ans. Ce sont des petites erreurs dans la dernière minute qui lui coûtaient le titre européen, sur trois impacts successifs, dont le dernier valorisé ippon au corps-à-corps alors que le Parisien s’élançait dans un assaut de la dernière chance. Une déception visible sur le podium, mais qui disparaissait assez vite pour laisser place à la satisfaction de s’être adjugé sa seconde médaille continentale consécutive après le bronze de 2024. Il faut dire qu’Alexis Renard aura encore régalé avec son judo très pur ce jeudi, comme en huitième de finale où il plaçait un mouvement d’épaule debout qui arrachait littéralement l’Arménien Zhirayr Hambaryan. Arrivé en finale sans avoir été inquiété, le gaucher aura livré une belle bataille contre un adversaire qu’il avait battu, également pour l’or, lors de la coupe européenne d’Allemagne fin juin.
Kelvin Ray, lui, aura dû aller chercher au fond de lui-même pour se hisser sur son premier podium sur un championnat international en juniors. Tête de série n°2 ce matin, le double champion de France des -60kg (2023 et 2025) débutait par un duel avec l’Arménien Vahe Aghasyan qui allait durer neuf minutes ! Une rencontre étouffante que Ray gagnait sur un contre où il anticipait parfaitement le mouvement de son adversaire. Arrivé dans le dernier carré en battant l’Anglais Charlie Ayre en quart de finale, là encore après un combat très haletant, le Parisien s’inclinait en demi-finale sur l’Italien Francesco Sampino sur un grand fauchage intérieur. Mais Kelvin Ray ne manque pas de ressource et avait l’excellente idée de sortir sa meilleure prestation du jour lors du combat pour la médaille de bronze. Un petit balayage intérieur après quarante secondes de golden score contre l’Azerbaïdjanais Farid Garayev, et voilà le -60kg qui pouvait souffler, le devoir accompli. « J’ai passé une journée très dure et je pense que cela s’est vu, lance avec un sourire Kelvin Ray, loin d’être sur un nuage. Pour être honnête, je ne suis pas fier de ce que j’ai montré sur le tapis. Le seul point positif ? J’ai fait sauter la malédiction de l’élimination au premier tour lors des championnats internationaux précédents. »
Présent en Slovaquie, Baptiste Leroy, responsable du haut niveau au PSG Judo, revenait sur cette première journée très satisfaisante. « Il peut y avoir des regrets pour Alexis, qui tenait bien le combat jusqu’au moment où il marqua yuko. À partir de ce moment-là, l’Azerbaïdjanais a été plus impactant avec son bras droit et Alexis n’a pas trouvé la solution pour garder la distance. Pour Kelvin, il a été dans le dur toute la journée, mais nous avons bien préparé son combat pour la troisième place et il a parfaitement respecté les consignes. Après les podiums, je leur ai dit que cette médaille n’était que le début d’un long chemin, comme une sorte d’apprentissage. Car une médaille en juniors n’a rien à voir avec une médaille en seniors, comme une performance lors des coupes européennes n’est pas comparable à ce qu’il faut mettre en place pour briller lors des épreuves de référence comme ces championnats. Les adversaires ne lâchent absolument rien et s’engagent plus. Voilà pourquoi il ne faut pas bouder son plaisir ce soir, et prendre ces deux podiums comme une bonne chose pour lancer la dynamique vers les championnats du monde juniors d’octobre, puis la saison seniors. »