« Après avoir été testé par Le Mans, j'ai pu réaliser un essai de quelques jours au Paris Saint-Germain à l'été 2008. Dès le premier jour, le responsable du Centre de Formation m'a fait part de son avis favorable. J'ai signé un contrat stagiaire professionnel de deux ans, en intégrant l'équipe réserve qui évoluait en CFA. Mon rêve de gosse ! J'évoluais en tant que milieu défensif, qui pouvait parfois dépanner en défense centrale. J'étais plein d'ambitions... »
« Une fois mon contrat signé au Parc des Princes, j'ai rejoint directement la Tunisie pour disputer les qualifications de la Coupe d'Afrique des Nations, avec les U20 du Mali dont j'étais le capitaine. Tout s'est bien passé lors du match aller à l'extérieur mais je me suis malheureusement blessé au genou lors du match retour, sans pour autant prendre conscience de la gravité. De retour à Paris, j'avoue avoir dissimulé durant deux mois ma douleur car je ne voulais pas m'arrêter de jouer avant même d'avoir disputé un match officiel. Grosse erreur ! Lors d'un entraînement, mon genou a enflé au point que le staff médical fut choqué de me voir courir avec une telle bosse. Verdict : rupture des ligaments croisés, opération et six mois d'arrêt. J'ai joué avec la confiance du club alors qu'on m'avait très bien accueilli. J'ai pris un sacré coup moralement mais le kiné Cédric Dupuis, paix à son âme, m'a été d'une grande aide lors de ma rééducation. Mes coéquipiers ont souvent pris de mes nouvelles, au même titre que mes proches qui m'ont beaucoup soutenu. Lors de ma première saison, j'habitais au Centre de Formation pour faciliter mes soins et réduire mes déplacements avec mes béquilles. Ce n'est que lors de ma seconde saison que j'ai pu habiter dans un appartement à Saint-Germain-en-Laye en compagnie de mon compatriote Adama Traoré. Son arrivée au club m'a clairement reboosté. »
« J'ai fait mon retour lors d'une victoire acquise au Camp des Loges contre la réserve de l'AS Nancy Lorraine. Ce moment est l'un des plus beaux jours de ma vie ! Fouler la pelouse, gagner le match, porter le maillot du PSG... Lors de l'entraînement suivant, j'ai réalisé des examens complémentaires. Le staff médical m'a donné son feu vert pour de bon ! J'étais tellement rempli d'enthousiasme que je n'avais plus aucune peur d'aller au contact, au point de blesser deux de mes partenaires ! Lors de la seconde saison, j'étais toujours dans la rotation de l'effectif réserviste, mais il n'était pas simple d'avoir du temps de jeu. J'avais l'impression d'avoir une étiquette de joueur fragile. J'ai malgré tout disputé chaque minute offerte avec une grande détermination. C'était un immense plaisir d'évoluer avec des jeunes talents comme Maxime Partouche, Jean-Eudes Maurice, Hakeem Achour... J'ai beaucoup appris à leurs côtés. »
« Au Mali, le football était basé sur les duels. À seize ans et demi, je me suis retrouvé en séniors où j'ai affronté des joueurs expérimentés. À Paris, le jeu était beaucoup plus construit, plus réfléchi. Les infrastructures étaient d'excellentes qualités contrairement à ce que j'avais connu au pays, ce qui m'a permis de progresser plus facilement sur le plan technique. L'organisation autour du terrain était très millimétrée, un bon moyen pour offrir un apprentissage par étapes. Je me sentais réellement comme chez moi, même si l'hiver était rude ! »
« Lorsque j'ai rejoint le PSG, j'étais déjà capitaine des sélections de jeunes au Mali. Il y avait donc beaucoup d'espoirs placés en moi, de la part de la Fédération mais également de tous mes proches. Il était tellement difficile dans les années 2000 de signer dans un top club européen pour un jeune Africain. Le rêve de tout enfant ! Auparavant, j'avais toujours joué au football par passion, juste pour le plaisir. Là, l'enjeu n'était plus le même car j'avais pour objectif de faire décoller ma carrière professionnelle tout en essayant de mettre à l'abri les miens. Au Mali, il ne suffit pas d'aider sa propre famille quand on réussit, mais également toute la rue ! Nous sommes tous éduqués de la sorte dès notre plus jeune âge. Je n'avais donc pas le droit à l'échec, car je ne venais pas pour visiter la Tour Eiffel ! Malheureusement, ma blessure m'a stoppé dans mon élan. C'est le destin. »
« J'ai eu la chance de participer à plusieurs entraînements avec l'équipe professionnelle, aux côtés des Makélélé, Sakho, Giuly, Jallet... J'étais émerveillé par leur niveau de jeu. À cette époque, il était fréquent de voir les joueurs pros redescendre en équipe réserve. Lors d'un match disputé en CFA contre Le Mans au Camp des Loges, j'étais entré en jeu à la place de Jérôme Rothen. Il y avait également Guillaume Hoarau et Peguy Luyindula en attaque. Lors de la mise au vert, j'avais pu échanger avec eux. C'était complètement fou car habituellement, je les voyais à la télévision ! J'ai également eu l'occasion d'évoluer en tant que défenseur central, juste devant Grégory Coupet qui revenait de blessure. Il m'avait bluffé par sa communication. Ça reste gravé dans ma tête ! »
« Mon passage à Paris m'a permis d'acquérir un mental de guerrier ! Pour revenir au top après ma blessure, il m'a fallu travailler, travailler et encore travailler durement pour y parvenir. Sans cela, on n'a rien ! Il m'a fallu également faire attention aux diverses sollicitations, car jouer au PSG rend beau et intéressant. Défendre le maillot rouge et bleu m'a demandé d'être sérieux, respectueux, organisé et sage. Paris m'a servi de tremplin pour rejoindre le Slavia Prague où j'ai signé mon premier contrat professionnel. Aucune tristesse ressentie lors de mon départ, bien au contraire c'est plutôt de la fierté qui prenait le dessus car j'avais conscience que beaucoup d'autres jeunes auraient voulu être à ma place. Plus tard, je pourrais dire à mes enfants que j'ai joué pour le plus grand club français ! »
« Après avoir stoppé ma carrière footballistique en 2017, je suis retourné au Mali afin d'obtenir la licence FIFA d'agent sportif l'année suivante. Je travaille à temps plein pour une agence de consulting basée à Paris. Mes missions principales sont d'observer, recruter et accompagner des jeunes joueurs africains talentueux afin de leur ouvrir les portes du football européen lorsque le timing le permet. Pour avoir fréquenté le Centre de Formation du Paris Saint-Germain, l'un des meilleurs au monde, je sais quels sont les profils de joueurs qui peuvent intéresser le staff technique, à l'image de l'attaquante Agueissa Diarra qui a signé au club la saison passée pour renforcer l'équipe féminine. Le but n'est pas d'envoyer pour envoyer des joueurs ou des joueuses afin de leur faire plaisir, ni de faire perdre du temps aux différents clubs. Il n'est jamais simple de faire le bon choix, voilà pourquoi il est important de prendre son temps. Je me sers bien évidemment de ma propre expérience de vie pour leur apporter un maximum de conseils, de la bienveillance et des encouragements, sans pour autant leur vendre du rêve ! »
PROFIL :
Date de naissance : 28 janvier 1990
Lieu de naissance : Bamako (Mali)
Poste : milieu de terrain
Clubs successifs : Djoliba AC (2002 à 2007), Centre Salif Keita (2007 à 2008), Paris Saint-Germain (2008 à 2010), SK Slavia Prague (2010 à 2012), Stade Malien (2013 à 2014), Bakaridjan Barouéli (2014 à 2015), AS Gabès (2015), Anagennisi Karditsa (2016 à 2017)
Équipe du Mali : U17, U20, U23