Sékou, te souviens-tu de ton arrivée au Paris Saint-Germain ?
« Bien qu'étant originaire de Grenoble, Paris me suivait déjà lorsque j'avais une dizaine d'années. Je n'y avais jamais effectué de tests, mais mes éducateurs m'avaient informé que j'étais observé par plusieurs clubs professionnels dont le PSG. J'ai ensuite intégré le centre de Formation de l'Olympique Lyonnais puis celui de Dijon. En Bourgogne, j'ai réalisé de belles performances avec les U17 Nationaux, au point d'attirer le regard des recruteurs parisiens. Lors du dernier jour du mercato estival 2020, j'ai passé des tests médicaux au centre d'entraînement Ooredoo lors desquels les médecins ont décelé un problème cardiaque. La signature de mon premier contrat professionnel fut décalée en janvier 2021, le temps de passer des examens complémentaires qui n'ont rien révélé d'anormal. En attendant, j'ai eu la possibilité de m'entraîner et de disputer des matchs amicaux avec les U19 Nationaux de Paris. Au final, ce ne fut pas trop dérangeant car il y a eu le second confinement dû à la crise sanitaire. »
Le 8 janvier 2021, tu as signé ton premier contrat professionnel. Pourquoi avoir accepté de rejoindre Paris ?
« J'ai toujours été un supporter de Paris. C'est mon papa qui m'a transmis son amour pour le maillot Rouge et Bleu. Nous regardions tous les matchs ensemble à la télévision. C'était comme un rêve pour moi car il s'agit de mon club de coeur ! J'ai de la famille qui vit en région parisienne ce qui avait facilité ma venue. A Dijon, il était également plus compliqué pour un jeune de se frayer un chemin vers l'effectif pro car l'équipe éprouvait certaines difficultés en L1. Le staff technique avait pour projet de miser davantage sur des joueurs d'expérience pour redresser la santé sportive de l'équipe fanion. Intégrer le centre de Formation du Paris Saint-Germain était également une réelle opportunité de vivre de grands moments, en disputant notamment l'UEFA Youth League et en participant à des entraînements du groupe professionnel. J'étais convaincu que la passerelle pour basculer vers le monde pro était beaucoup plus rapide qu'ailleurs. Je connaissais plusieurs joueurs pour les avoir affrontés lors des coupes interrégionales. Je me suis intégré sans aucune pression, mais avec une vraie envie d'apprendre et de m'éclater sur le terrain. »
Quels sont les principaux moments vécus avec les U19 Nationaux ?
« J'ai adoré disputer l'UEFA Youth League (5 matchs lors de la saison 2021-2022). C'est une compétition formidable car elle est organisée de la même manière que la Ligue des Champions chez les pros. Nous avons affronté de grandes équipes, voyagé dans de belles villes, joué sur de beaux terrains. Une expérience incroyable à vivre lorsqu'on est un jeune joueur. J'ai eu la chance de marquer un but contre Séville synonyme de qualification pour les quarts de finale. Malheureusement, nous nous étions fait éliminer par Salzburg futur finaliste. En parallèle, nous avions atteint la demi-finale du championnat de France U19. L'AS Monaco de Diop et Ben Seghir nous avait privé de la finale. J'ai grandement apprécié évoluer sous les ordres de Zoumana Camara car il m'a toujours encouragé et m'a permis de jouer sans crainte. C'est un coach qui possède de grandes valeurs humaines, rien d'étonnant de voir qu'il obtienne chaque année de très bons résultats. »
A l'image de Pedro Miguel Pauleta, tu déployais tes 'ailes' pour chacun de tes 21 buts inscrits en 20 matchs de championnat U19... Est-ce important pour un buteur d'avoir une célébration propre à lui ?
« Une célébration se fait au feeling. J'ai toujours réalisé ce geste de manière naturelle sans forcément y réfléchir. Je n'ai jamais fêté mes buts dans l'optique d'être pris en photo, d'autant plus que je ne suis pas actif sur les réseaux sociaux. Je sais que beaucoup de jeunes joueurs aiment mettre en avant leur image, mais ce n'est pas mon cas. Mon seul objectif est de marquer le plus de buts possibles pour mon équipe et que l'on parle de moi grâce à mes bonnes performances. »
Tes progrès constants furent d'ailleurs récompensés par une apparition en L1 contre Lorient le 22 décembre 2021 !
« Avant de connaître ma première en L1, j'étais dans le groupe qui avait battu Clermont au Parc des Princes (4-0, le 11 septembre 2021). Même si je n'avais pas foulé la pelouse du Parc des Princes, j'avais été impressionné par l'ambiance des supporters. J'avais ressenti comme une petite boule au ventre car depuis tout petit je m'imaginais jouer pour Paris au plus haut niveau. Mauricio Pochettino m'a effectivement offert cette opportunité à Lorient en remplaçant Ander Herrera pour le dernier quart d'heure de jeu alors que nous étions menés au score. A cinq minutes du terme Sergio Ramos s'est fait exclure, mais Mauro Icardi a égalisé dans les arrêts de jeu. Je n'ai pas dormi de la nuit après avoir vécu ce rêve éveillé ! J'ai reçu des tonnes de messages sur mon téléphone. Ce qui m'a rendu le plus heureux, c'est d'avoir procuré de la joie et surtout de la fierté à mes parents. Ces quelques minutes de jeu m'ont permis d'être champion de France de L1 et de participer au tour d'honneur lors de la remise du trophée au Parc. »
Est-il simple de garder la tête sur les épaules lorsqu'on partage le quotidien du groupe professionnel ?
« Il y a plusieurs étapes dans l'intégration d'un Titi formé au club. L'accueil d'un joueur comme Presnel Kimpembe m'a vraiment aidé pour m'acclimater plus facilement dans ce groupe composé de très grands joueurs. Il n'a pas oublié d'où il vient ce qui est tout à son honneur. Ensuite, il y a la période d'observation où l'on se fait tout petit. Et puis rapidement, on se dit que si l'on reste spectateur de ce que l'on vit, on ne pourra jamais montrer nos réelles qualités. S'entraîneur avec eux devient vite une habitude, la seule chose qui compte étant d'être bon afin de convaincre le staff de nous accorder sa confiance. Les questions viennent davantage de notre entourage ou de la part des supporters qui veulent connaître les petits secrets du vestiaire, mais il faut savoir faire la part des choses et rester focus sur nos objectifs initiaux. »
Quel bilan tires-tu de ton passage à Paris ?
« Je n'ai passé que des moments fantastiques en compagnie de mes coéquipiers qui sont devenus comme des frères pour moi. Ce fut un immense plaisir de porter le maillot de mon club de coeur et de pouvoir évoluer au côté de grands joueurs. Je ne me souviens pas d'une seule journée où je suis allé à l'entraînement sans avoir le sourire. Paris m'a offert une chance inestimable. Le bilan est très positif, ce fut le kif total ! »
Dorénavant tu évolues au Qatar. Comment se passe ton adaptation ?
« Ce fut une sorte de challenge ! C'est un changement de continent, de langue et de culture foot. Après un prêt dès mon arrivée au Al-Rayyan SC (pour cause du nombre d'étrangers limités à 5 joueurs par club), je défends les couleurs du Al Ahli SC (35 matchs au total, 9 buts). Depuis mon retour l'été dernier, le nouveau coach m'offre du temps de jeu en étant repositionné comme ailier. Je marque quand même des buts ce qui m'a permis d'être élu meilleur jeune de la D1 qatarie lors du mois de décembre. Le niveau de jeu est de plus en plus relevé car beaucoup de joueurs U23 aguerris aux compétitions européennes ont rejoint le Qatar. Dans chaque équipe, il y a également deux ou trois grands noms comme Julian Draxler parmi mes coéquipiers. On a souvent l'occasion d'échanger au sujet du PSG et de voir que le club réalise toujours de belles choses. »
Date de naissance : 28 avril 2003
Lieu de naissance : Grenoble (Isère)
Poste : attaquant
Clubs successifs : Grenoble Foot 38 (2010 à 2015), Olympique Lyonnais (2015 à 2018), Dijon FCO (2019 à 2021), Paris Saint-Germain (janv. 2021 à 2022), Al Ahli SC (depuis juillet 2022), Al-Rayyan SC (2023/prêt)
Palmarès avec le Paris Saint-Germain : champion de France de L1 (2022)