Comme lors des derniers Jeux olympiques, la Parisienne de vingt-cinq ans n’est pas parvenue à demeurer invaincue tout au long de son parcours lors de ces championnats du monde 2025. Mais elle demeurait positive avec cette médaille de bronze autour du cou.
Hasard du tirage au sort, c’est face à l’Italienne Asya Tavano, qui l’avait dominée dès son premier combat des mondiaux 2023 de Doha, alors qu’elle restait, sept mois plus tôt, sur son triomphe de l’édition 2022 disputée en Ouzbékistan, que Romane Dicko lançait sa journée de compétition. Un douloureux souvenir qui ne l’empêchait pas de trouver rapidement la faille ce jeudi, d’un grand fauchage intérieur bien suivi au sol. Au tour suivant, si la méfiance restait de mise face à la jeune Chinoise Jinesinuer Ayiman, coachée par un certain Florent Urani, ancien entraîneur du PSG Judo, pas d’incident non plus à signaler pour la numéro une mondiale qui profitait d’une attaque mal préparée de la championne d’Asie 2025 pour réorienter ses appuis et parvenir à la plaquer sur le dos.
Une entame solide qui perdurait le temps du quart de finale contre la Néerlandaise Karen Stevenson, conclu sur un dégagement de jambe lucide en ne-waza (travail au sol) qui amenait une nouvelle victoire par immobilisation, mais aussi de la première partie de la demi-finale contre la Sud-Coréenne Hayun Kim, à ses côtés sur la troisième marche du podium olympique l’été dernier.
La machine tricolore s’enrayait en effet après deux minutes de duel, la faute à une opposante déterminée à fixer l’épaule gauche de la combattante Rouge et Bleu pour l’empêcher de développer sa puissante saisie et prompte à toujours déclencher la première à chaque séquence. De quoi inciter l’arbitre à sanctionner logiquement la Parisienne jusqu’à l’élimination. Reversée en petite finale, elle se heurtait alors à l’envie d’une autre nouvelle venue, l’Estonienne Emma-Melis Aktas, dix-sept ans et médaillée mondiale cadettes en 2024. Mais c’est bien la Française qui emportait le morceau avec un yuko et un waza-ari au compteur lorsque le gong retentit.
Pas d’effusion de joie car le métal obtenu n’était pas celui escompté, mais la sensation tout de même d’avoir appris énormément lors de cette troisième participation aux championnats du monde. « Honnêtement, jusqu'à mon début de demi-finale, j'étais contente. Mais j'ai fait un bon championnat dans le sens où j'étais toujours agressive. J'ai toujours essayé d'être la première, d'aller prendre chaque liaison, d'être dans l'action à chaque fois. C'était dynamique sur les appuis, et j'étais bien physiquement. Mais en demie, je n’ai pas trouvé de solution tactique sur le coup, c’est frustrant parce qu’il y avait des choses à faire pour imposer mon schéma. Cela me fait dire que je dois avoir plus de plans dans ma tête, afin de pouvoir m’adapter à toutes les situations que peuvent me présenter mes adversaires. Forcément, je suis déçue mais je me dis aussi que la suite va être royale. J'ai trop hâte de travailler sur tous ces axes de progression qui me seront nécessaires pour aller chercher de nouveaux titres lors des prochains rendez-vous. Il y a encore beaucoup à faire, mais nous avons le temps encore avant les Jeux de Los Angeles, qui constituent le véritable objectif devant moi, pour faire de belles choses, pour travailler, pour apprendre, pour progresser encore. Cette médaille de bronze me fait regarder vers l'avenir. »
Un avenir qui s’est également éclairci du point de vue de Baptiste Leroy, son entraîneur au PSG Judo. « Cette journée a le mérite de montrer que son parcours aux Jeux, et cette finale qui lui a échappé, n’était pas un accident. Il va falloir développer de nouvelles capacités, techniques mais aussi tactiques, pour faire face à toutes ces filles qui montent et qui ont bien compris comment la contrecarrer. Nous allons nous retrousser les manches afin de renouer rapidement avec l’or. »
Ce vendredi, ils seront quatre Parisiens à défendre les couleurs de l’équipe de France lors de l’épreuve par équipes mixtes : Faiza Mokdar (-57kg), Marie-Ève Gahié (-70kg), Romane Dicko (+70kg) et Alexis Mathieu (-90kg). Après six défaites consécutives en finale contre le Japon, unique vainqueur depuis l’instauration de ce format mixte en 2017, l’objectif est d’enfin passer à l’or.