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Romane Dicko : « Je n’ai rien à perdre, tout à regagner »

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Sacrée championne du monde à Tashkent l’année dernière, la médaillée de bronze olympique à Tokyo vise le doublé aux championnats du monde de Doha, où elle combattra samedi 13 mai.

Malgré ton jeune âge (23 ans, NDLR), tu connais déjà très bien les championnats du monde. Ce rendez-vous de Doha a-t-il une saveur particulière, notamment au vu de son positionnement inhabituel dans le calendrier ?
Cette programmation différente ne me perturbe pas plus que ça… En revanche, j’y vais avec le dossard rouge ! Forcément, se présenter en tant que championne du monde en titre fait de moi la cible à abattre. Pour autant, j’apprécie ce nouveau statut, il faut montrer que je suis capable de rester en haut de la hiérarchie. On dit souvent que c’est le plus compliqué et, à un an des Jeux olympiques, cela n’a rien d’anodin. Aujourd’hui, je n’ai qu’une hâte, rentrer sur le tatami.

Un nouveau statut accompagné de beaucoup d’attentes autour de toi. Comment éviter de se mettre trop de pression et d’être inhibée le jour J ?
Les mondiaux sont de toute manière une grande compétition. Je pense être prête, faire du bon travail et j’essaie vraiment d’appréhender ces championnats comme une compétition "lambda". Évidemment, il n’en est rien, mais j’essaie de me dire que je n’ai rien à perdre et tout à regagner. J’ai un titre à aller chercher encore une fois. Quant au dossard rouge, je n’y vais pas dans l’optique de défendre cet acquis, mais avec l’objectif d’en remporter un nouveau ! J’arrive en combattante, en conquérante ayant à cœur de ramener un nouveau titre à l’équipe de France.

Romane Dicko (février 2023) 1

Qui est la Romane Dicko de 2023 par rapport à celle des autres années ?
Disons que, de la jeune que l’on attendait, mon statut avait déjà un peu changé après ma médaille olympique. Mais c’est vrai que le titre de championne du monde m’a fait passer un autre cap. Aussi bien par rapport à la fédération qu’auprès de mes adversaires, je me sens traitée et regardée différemment. La Romane de 2023 a digéré son statut de championne du monde et médaillée olympique et l’assume davantage. Je me sens plus mûre, plus confiante en mes acquis et dans mon judo. C’est vrai qu’après les Jeux, malgré ma médaille de bronze, je me demandais si j’étais capable de gagner des compétitions mondiales… et les championnats de Tashkent m’ont montré que oui. Il n’y a pas de raison que je ne le refasse pas. À un an des Jeux à Paris, c’est définitivement une Romane qui a davantage confiance en elle et encore plus envie de gagner.

Après un titre de championne du monde, les sollicitations se multiplient généralement. Es-tu accompagnée pour piloter ta carrière ?
Oui, je me suis organisée, surtout avec les Jeux de Paris en ligne de mire. J’ai songé qu’au vu des championnats du monde, les Jeux olympiques seraient cinquante-mille fois plus puissants. Ceux qui m’entourent n’ont pas changé, mais j’ai renforcé leurs rôles pour pouvoir déléguer davantage et me concentrer sur le judo et l’école… ce qui est déjà pas mal avec les partiels qui arrivent dans deux semaines à peine ! Les événements extérieurs et les rencontres se multiplient aussi. J’ai par exemple eu l’occasion d’assister à quelques défilés lors de la fashion week et ainsi d’intégrer d’autres sphères, différentes du sport. Un aspect vraiment important pour continuer d’ouvrir mon esprit et que j’adore, tout en continuant d’aller à l’école, de faire du judo ou de la couture.

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Tu es arrivée au Paris SG avec l’étiquette de jeune au potentiel immense, qui rejoignait un groupe plein de grands noms du judo. Trois ans, une médaille olympique et un titre mondial plus tard, comment te situes-tu dans ce groupe ?
Je suis encore la petite sœur (rires). Le groupe fonctionne d’une certaine manière et je ne crois pas que cela doive changer pour le moment. On s’entend toutes très bien et on évolue bien ensemble sans regarder le palmarès des unes ou des autres. Amandine (Buchard) ou Marie-Ève (Gahié) restent mes grandes sœurs. Notre équipe évolue, tout en restant très forte sur le papier, même si cela ne paie pas en coupe d’Europe pour le moment. Malgré l’absence d’Amandine l’année dernière, j’estime que nous faisons une belle compétition et de beaux combats, notamment de la part de Mélanie Vieu qui remporte certaines oppositions sur lesquelles on ne l’attendait pas forcément. Cela montre que chacune d’entre nous veut se battre, même si l’on n’est pas dans sa catégorie préférentielle ou que nous sommes affaiblies sans Amandine. Ce n’est malheureusement pas passé, ni pour les filles ni pour les garçons, mais il n’y a pas de raison que l’on ne se batte pas pour la victoire finale cette année.

Un soutien mutuel qui se manifeste aussi en équipe de France. Quelle est son importance dans les résultats de l’équipe ?
Cette dynamique de groupe forme l’une des clés. Honnêtement, je pense que nous sommes l’un des pays montrant le plus de cohésion, que ce soit entre filles, entre garçons, ou dans l’ensemble du groupe. Nous nous entendons tous très bien et je pense que cela a beaucoup marqué les esprits à Tokyo. On peut avoir les meilleurs athlètes du monde, sans connexion entre eux ou sans dynamique positive, rien n’avancera. Au club comme en équipe de France, nous l’avons et je pense que cela se ressent. C’est pour cela qu’il n’y a pas de raison que nous ne gagnions pas cette année, puis à Paris l’an prochain. Chacun se bat pour lui, pour ses coéquipiers, pour l’équipe de France… ce supplément d’âme nous porte et c’est ce qui explique que lors des combats par équipes, nous remportons parfois des oppositions où nous étions donnés perdants.

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À Doha, comme à Tokyo ou Tashkent, tu combattras le dernier jour. Comment gères-tu cette situation ?
Je suis partie le 5 mai pour tout de même voir la compétition des légers. Comme je le disais, ce sont mes coéquipiers, mes copains, mes copines, et je tenais à les encourager. Même si le revers de la médaille reste une semaine très, très longue où les jours passent et se ressemblent… ou pas. Il faut savoir gérer tout cela sans perdre trop d’énergie. D’autant que, si à Tokyo la dynamique de l’équipe de France était hyper positive avec cinq médailles déjà décrochées avant que je ne combatte, elle s’est avérée plus délicate aux mondiaux de Tashkent. J’ai même envoyé un message à Teddy pour savoir comment il faisait pour combattre le dernier jour sans stress supplémentaire lorsque le reste de l’équipe était en difficulté. Lui comme mon cousin (Teddy Tamgho, champion du monde 2013 de triple saut et ancien détenteur du record du monde en salle, NDLR) ont eu les bons mots pour me rassurer, me faire comprendre qu’il n’y a pas de fatalité et que chaque jour est une nouvelle compétition. Le positif, c’est que je saurai faire face aux deux situations désormais.