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Gabriel Calderon : «Je n’oublierai jamais ce moment»

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Très ému, l’ancien joueur du Paris Saint Germain Gabriel Calderon (de 1987 à 1990, 113 matches et 23 buts) est revenu sur la disparition de son compagnon Diego Maradona, qu’il avait découvert en 1979, lors des championnats du monde juniors au Japon.

Gaby, le monde rend hommage à Diego Maradona. Êtes-vous surpris par les réactions suite la disparition de votre ancien coéquipier ?
« Je ne suis pas du tout surpris, j’ai vécu de nombreux moments merveilleux avec Diego Armando Maradona, du titre mondial junior à la finale de la Coupe du Monde, sans oublier la Copa América avec la sélection argentine. Pendant toutes ces années, j’ai vu l’amour que les gens lui portaient. C’était une personne capable de rendre des millions de personnes heureuses, pendant 90 minutes en jouant avec un ballon. Tout le monde l’aimait, quelques soient ses origines, sa culture, sa religion, car on aimait tous le voir jouer au football. »

Vous l’avez connu tout jeune lors du succès de l’Argentine à la Coupe du monde junior en 1979. Était-il déjà ce joueur d’exception ?
« À 19 ans, il était déjà au-dessus du lot, c’était un joueur différent et c’est grâce à lui que nous avons remporté cette compétition (Diego Maradona avait élu meilleur joueur du tournoi et 2e meilleur buteur, avec 6 réalisations). Il était unique, il pouvait faire la différence grâce à sa qualité technique, mais je retiens surtout son état d’esprit exceptionnel et son humilité avec ses partenaires. Avec ses qualités humaines, c’était déjà un meneur d’hommes ! Il nous encourageait, il était toujours positif. Tout le monde connaît le grand joueur, mais c’était surtout un garçon gentil. C’était une bonne personne. »

Vous avez participé à la Coupe du Monde en Italie en 1990 avec lui, pour votre dernier grand tournoi. Quel souvenir gardez-vous de cette compétition ?
« Je me souviens d’un parcours difficile, on n’était pas très bon pour une sélection aussi forte que celle de l’Argentine, mais on a été jusqu’en finale face à l’Allemagne (0-1, le 08/07/1990) et on est même passé tout près de remporter le titre. Diego était notre capitaine, mais je me souviens surtout à quel point il était sollicité. À partir des années 1980, il n’avait déjà plus une vie normale, il ne pouvait pas aller au restaurant, au cinéma, au coiffeur comme tout le monde. À chaque compétition jouée avec ses clubs ou la sélection argentine, il y avait une trentaine de journalistes autour de lui ! On l’attendait dans le bus tranquillement et ce n’était pas facile à gérer. On finissait par tous devenir nerveux pour lui… »

Sa vie n’était pas si facile malgré sa célébrité…
« Ce qu’il devait vivre au quotidien était si difficile. Pour ma part, je n’aurai jamais pu gérer tout cela, être une personne aussi connue que lui. Il n’avait plus de vie… »

Êtes-vous restés contact après la fin de votre carrière ?
« On s’était croisé avec plaisir il y a quelques années au Moyen-Orient, et on échangeait souvent via les réseaux sociaux. On s’était d’ailleurs souhaité récemment notre anniversaire pour nos 60 ans, on n'avait que quelques mois de différence. Malgré le succès, il n’avait jamais oublié ses amis et ses anciens coéquipiers, il était toujours le même. »

Diego Armando Maradona au PSG, cela aurait-il été un succès pour lui et le club parisien ?
« Il aurait été une star à Paris ! C’était un phénomène, il aurait réussi n’importe où. Pourtant, il y a 30 ans, c’était beaucoup plus difficile de réussir et de s’imposer. Lors de la coupe du monde en 1982, il n’avait pas été épargné par les adversaires. On lui donnait toujours des coups, les arbitres ne protégeaient pas les artistes, les grands joueurs. Cela aurait été bien plus facile pour Maradona de jouer au football aujourd’hui. »

Quel moment restera gravé dans votre mémoire pour évoquer la légende Maradona ?
« Un moment de communion que nous avons connu après la finale de la Coupe du monde juniors au Japon (le 7 septembre 1979, victoire face à l’ex-Union Soviétique sur le score de 3-1). Au coup de sifflet final, on était tout proche. On s’est alors serré très fort puis on s’est agenouillé et on est resté comme cela pendant plus d’une minute. On était heureux. Je n’oublierai jamais ce moment. »

Le football a-t-il perdu un "Dieu", comme on surnommait Diego Armando Maradona, ce 25 novembre 2020 ?
« Tous les gens qui aiment le football ont aimé Diego Maradona. Pour lui rendre hommage, j’ai repris cette phrase d’un journaliste argentin : "On ne juge pas ta vie privée, on t’a aimé et on veut juste te remercier pour tout le bonheur que tu nous as donné." Il a rendu des millions de gens heureux grâce à son talent. Diego nous a quitté, mais Maradona est immortel. Il était et restera une légende pour nous tous. »