Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction les Côtes-d'Armor, à Planguenoual, pour prendre des nouvelles d'Eric Bieme (génération 1980), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.
Eric, comment as-tu été amené à rejoindre le Paris Saint-Germain ?
« Après avoir vécu toute mon enfance au Cameroun, je suis arrivé en France en 1995 où j'ai intégré la section sport-études au lycée Le Corbusier à Cormeilles-en-Parisis. L'entraîneur Mr Philippe Penault, qui m'a remarqué très rapidement, m'a mis en relation avec Thierry Princet qui occupait le poste de coordinateur administratif du Paris Saint-Germain. Ce dernier m'a permis d'effectuer une détection qui s'est avérée positive. J'ai débuté en tant que milieu de terrain parmi les moins de 17 ans DH, avec pour coéquipiers des joueurs prometteurs tels que Fabrice Abriel, Alexandre Barbier, Xavier Christmant et Jimmy Kor. Nous avons survolé notre championnat sous la coupe de Christian Mas. La majorité de l'effectif a ensuite intégré les 17 ans Nationaux avec pour coach Patrick Liewig. Quand on est un jeune footballeur ambitieux, intégrer le Centre de Formation du PSG est juste magique. Le PSG représentait et représente toujours pour moi le plus grand club français. Quand j'ai intégré le Centre de Formation, j'étais bien conscient du chemin à parcourir pour espérer arriver chez les pros. »
Quels souvenirs conserves-tu de tes années passées au Centre de Formation, que cela soit sur et en dehors du terrain ?
« Je garde de très bons souvenirs sur le plan sportif et humain. J'ai eu la chance durant toutes ces années de rencontrer des personnes formidables, que ce soit les dirigeants bénévoles, mes entraîneurs et mes coéquipiers, tous ont joué un rôle prépondérant dans mon épanouissement. J'ai progressé dans tous les domaines sur le terrain. Avant Paris, j'aimais beaucoup jouer au ballon et courir, mais je ne le faisais pas de manière réfléchie. Mes entraîneurs m'ont appris à gérer mes efforts de manière plus efficace. Le fait d'évoluer par la suite avec l'équipe réserve sous la coupe de Dominique Leclercq en tant que piston droit ou gauche m'a également permis d'élargir ma palette tactique. Et puis j'y ai connu beaucoup plus de victoires que de défaites, donc forcément je ne garde que de belles images. J'ai joué avec des joueurs talentueux qui pour certains ont réalisé une très belle carrière professionnelle. »
« Mes bonnes prestations en CFA m'ont permis d'intégrer durablement le groupe pro dirigé par Artur Jorge et Denis Troch en compagnie de mes coéquipiers Fabrice Abriel et Bark Seghiri. J'ai également eu la possibilité de m'entraîner avec le groupe pro dirigé par Philippe Bergeroo. Il m'avait encouragé à être dur sur l'homme. L'attaquant Mickaël Madar qui jouait à cette époque en Équipe de France doit s'en rappeler encore tellement j'avais été accrocheur. Il avait poussé une gueulante mémorable ! J'étais dans la peau du petit jeune qui voulait à tout prix démontrer tout son potentiel pour réaliser son rêve ! Malheureusement, une blessure au genou et les mauvais conseils d'un agent sportif ont freiné ma progression et mis fin à certaines espérances. J'avais tout de même prolongé mon contrat stagiaire-pro pour évoluer avec la réserve dirigée par Antoine Kombouaré avant de quitter le club en 2001. Il a été la parfaite transition entre la formation et le groupe professionnel. Nous travaillions très dur à ses côtés et il fallait avoir un état d'esprit de conquérant. Avec lui, il était interdit de se plaindre et il fallait toujours se battre sans relâche comme l'exige le très haut niveau. »
Tu as disputé la finale de la Coupe Gambardella en 1998, un moment incroyable à vivre malgré la défaite face aux Verts ?
« Après avoir été éliminés en quart de finale des playoffs U17 (défaite contre le FC Sochaux de Benoît Pedretti et Pierre-Alain Frau), alors que nous avions remporté notre championnat sans la moindre défaite, nous avions fait de cette Coupe Gambardella notre principal objectif. Nous avons réussi à atteindre la finale de cette compétition grâce à notre bloc-équipe qui était notre principale force. Il était très difficile de nous marquer un but, tellement nous étions au point tactiquement grâce à notre coach Patrick Liewig. Nous avions à coeur de remporter cette première finale disputée dans le nouveau Stade de France, quelques semaines avant celle de la Coupe du Monde. Je me souviens des cris des supporters parisiens car les tribunes s'étaient remplies au fil des minutes puisque nous évoluions en lever de rideau de la finale de la Coupe de France opposant le PSG au RC Lens. L'ambiance était impressionnante ! »
« Lorsque mon pote Leandro a marqué son but d'une frappe exceptionnelle (78e), nous étions persuadés qu'on tiendrait jusqu'au bout. Il a fallu une faute à l'entrée de la surface de réparation, pour que l'on prenne ce but égalisateur marqué par Grondin le Stéphanois (80e). Malgré la répétition des penaltys à l'entraînement, nous n'avons pas su faire face à la forte pression. De toute manière, il fallait bien un vainqueur et un perdant. Ca reste un souvenir fantastique, que je souhaite de vivre aux prochaines générations de Titis ! J'ai toujours ma médaille que je conserve précieusement, même si j'aurais aimé avoir la médaille en or. »
Dans quels domaines as-tu le plus progressé durant ton passage au PSG ?
« Mon passage à Paris m'a transformé en un véritable guerrier ! Patrick Liewig fut mon coach le plus marquant car il m'a vraiment pris sous son aile et m'a fait progresser tactiquement, notamment mon positionnement sur le terrain avec et sans ballon par rapport au positionnement du ballon. C'est comme un père pour moi. D'ailleurs, je le vois encore de temps en temps. Lors des matches, il me criait dessus de la première à la dernière minute. Un jour je suis allé dans son bureau et je lui ai demandé des explications quant à cet acharnement. Il m'a répondu : "Eric, j'arrêterai de te crier dessus lorsque tu auras atteint l'objectif individuel et collectif que tu dois atteindre. Notamment sur le plan tactique. Et si je te crie dessus, c'est parce que tu es comme un fils pour moi. Je sais aussi que tu fais beaucoup de sacrifices sur le terrain et en dehors. Cependant, j'aime ta mentalité, ton état d'esprit et ta détermination et la joie de vivre que tu apportes au groupe. Continue à travailler fils, améliore-toi et joue. Le reste se fera tout seul naturellement." À la sortie de ce rendez-vous, je me suis senti bonifié. J'avais envie de tout exploser sur mon passage. Il m'a touché à l'affect. Quand je rentrais sur le terrain, j'avais envie de tout donner pour lui. Ma motivation était encore plus grande. »
« Après les moins de 17 ans Nationaux, j'ai intégré le groupe CFA 2 alors que j'espérais être avec la réserve en CFA. Je m'étais préparé sérieusement avant la reprise de ces deux équipes séniors du Centre de Formation qui devaient se rendre en Bretagne pour le stage de début de saison. Les conseils de mon coach me sont alors revenus à l'esprit : "Tais-toi et travaille". Au final, j'ai réalisé un stage largement au-dessus de ce qu'espéraient les coaches Dominique Leclerc et Rachid Khendek. Lors d'un match amical contre le Stade Rennais de Shabani Nonda, j'ai fait une prestation pleine en tant que titulaire avec la CFA. »
« Le staff technique a décidé de m'intégrer définitivement avec l'équipe réserve puis de m'installer en tant que titulaire lors du premier match de championnat. Au bout de quelques matches, j'ai intégré le groupe professionnel. Suite à cela, le coach Liewig m'a convoqué un jour dans son bureau et m'a demandé si j'avais enfin compris pourquoi il me criait dessus sans arrêt ? Je lui ai juste dit : "Merci coach". Et il m'a fait comprendre que le plus difficile commençait pour moi mais que j'étais capable d'y arriver. »
« Au départ, je n'étais pas forcément programmé pour devenir pro comme des joueurs tels que Fabrice Abriel, Gaël Hiroux ou bien Selim Benachour. J'ai vraiment travaillé très dur pour que le club me remarque et fasse de moi un de ses espoirs. Tout est une question de talent certes, mais c'est aussi et surtout une question de volonté, de détermination, de mental et de confiance en soi. Il faut être endurant sur le plan de la motivation et adopter une discipline imparable. »
Quelle place occupe Paris dans ton coeur aujourd'hui ?
« Paris reste et restera toujours mon club de coeur. Le PSG est le premier et le seul club pro que j'ai connu en France. Cet amour est inexplicable, un vrai coup de foudre ! J'aime Paris au plus haut point, une adoration que j'ai transmise à mon fils, fan inconditionnel du club. Je suis toujours en contact avec des membres du personnel au sein du club. J'ai d'ailleurs participé à tous les rassemblements des joueurs formés au club organisés par l'association des Titis du PSG lors desquels on se remémore des tas de bons souvenirs tout en renfilant la tunique rouge et bleu de notre époque ! Un kif total ! J'en profite pour remercier toutes les personnes qui m'ont accompagné lors de ma formation au PSG. Que cela soit sur le plan sportif, scolaire, administratif et humain, vous m'avez permis d'aborder ma future vie professionnelle en toute quiétude. »
Un mot sur ton actualité professionnelle ? Tapes-tu toujours dans le ballon ?
« Je suis désormais coach sportif et préparateur mental dans les Côtes-d'Armor en Bretagne. J'enchaîne des formations pour aider les gens au mieux sur le plan mental, physique et surtout humain. Je coache des particuliers, mais j'interviens également au sein des entreprises et des associations sportives (tout public de 5 à 85 ans). J'ai des projets en cours et je travaille très dur pour les faire aboutir. Même si je prends de l'âge, je joue de temps en temps au foot avec des amis ou bien avec des jeunes que je croise sur la plage. J'adore aller regarder les matches de foot, comme lorsque Paris vient jouer en Bretagne, je n'hésite pas une seconde pour aller encourager l'équipe ! Car ici aussi, c'est Paris ! »
PROFIL
Date de naissance : 5 janvier 1980
Lieu de naissance : Nnomayos (Cameroun)
Poste : défenseur
Clubs successifs : Canon de Yaoundé (1992 à 1993), Prévoyance de Yaoundé (1994), Paris Saint-Germain (1995 à 2001), La Vitréenne FC (2001), Çaykur Rizespor (2001 à 2002), Limoges FC (2002 à 2003), Universitatea Craiova (2003 à 2004), COB Saint-Brieuc (2004 à 2009)
Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : finaliste de la coupe Gambardella (1998)
Équipe du Cameroun : Minimes - Cadets - Juniors