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Alassane També : « Paris, ça me colle à la peau ! »

Interviews

Comme chaque semaine, les médias du club retrouvent un ancien joueur passé par le centre de Formation du Paris Saint-Germain. Direction le camp des Loges, où il est venu se ressourcer, pour prendre des nouvelles de l’ex-Titi Alassane També (génération 92), qui revient sur son actualité et sur ses années parisiennes.

Alassane, te souviens-tu de ton arrivée au Paris Saint-Germain ?

« Le Paris Saint-Germain m’a repéré lors d’un tournoi quand je jouais au FC Villepinte. Bien que surclassé avec les joueurs nés en 91, j’avais réalisé une belle performance. Le club m’a ensuite invité à participer au tournoi de Digne-les-Bains. C’est la première fois de ma vie que je mettais un pied en dehors du 93 ! Et même la première fois que je prenais le TGV ! Je ne suis donc pas prêt d’oublier mes débuts avec le club. J’ai découvert un autre football sous la coupe de Jérôme Klein que celui pratiqué dans mon quartier. Mes deux années passées en benjamins se sont très bien passées, je n’en garde que d’excellents souvenirs. »

S’en suit ton entrée au centre de Préformation. As-tu bien vécu la séparation avec tes proches ?

« J’ai effectivement quitté le cocon familial pour rejoindre le centre basé à Conflans. Nous étions logés à la batellerie à cette époque. Au début, ça fait un peu peur car c’est un grand changement, mais très vite on apprend à vivre en communauté. L’école et les entraînements rythmaient nos journées. Il n’y avait pas le temps pour les états d’âmes. J’ai découvert la discipline et le respect des horaires, mais c’est surtout humainement que j’ai appris à mieux me connaître. Nous étions un groupe très soudé. Même si la concurrence était parfois présente, nous avions tous un bon état d’esprit. Etant si heureux de pouvoir vivre cette expérience, je privilégiais le plaisir de jouer au football avant même de penser à devenir un footballeur professionnel. »

Si on te mentionne le match PSG-Barça en U13, ça te parle ?

« Oh que oui ! Je vois très bien où vous voulez en venir. Nous avions affronté cette équipe lors d’un tournoi disputé à Las Palmas. Tout le monde nous annonçait perdant avant même d’avoir joué la rencontre. Notre coach Christian Mas a trouvé les bons mots pour nous motiver comme jamais. Des joueurs comme Giannelli Imbula et Gaël Nlundulu ont pris la parole pour encourager toute l’équipe. Tout le public est acquis à la cause des espagnols. Finalement, on a réalisé une magnifique prestation. On a remporté ce match (1-0). C’est véritablement le match qui nous a fait basculer vers le haut niveau chez les jeunes. On a du faire face à une énorme pression. Quelques mois après cette confrontation, Josep Colomer le recruteur des jeunes du FC Barcelone a contacté mes parents, pour m’inviter à la Masia. Les différentes sollicitations m’ont fait prendre conscience de mon potentiel. J’ai décidé de tout donner pour Paris car c’était mon club de cœur depuis tout petit. »

A l’image de tes deux titres de champion de France U19 remportés en 2010 et 2011 !

« Chez les jeunes, c’est souvent la coupe Gambardella qui est mise en avant. Hors toutes les équipes peuvent la remporter car cette compétition se dispute avec des matches à élimination directe. Un championnat récompense une régularité sur toute une saison, ce qui est beaucoup plus dur à réaliser. Il faut donner son maximum lors des playoffs pour battre d’autres équipes qui ont également remporté leur championnat. En 2010, nous avons battu l’AS Monaco en finale. La première image qui me vient à l’esprit, ce sont les larmes de notre entraîneur David Bechkoura. C’était à l’opposé de l’exigence dont il avait fait preuve toute l’année. Là, j’ai réellement pris conscience de l’exploit que nous venions de réaliser. C’était mon premier grand trophée remporté avec Paris. Je me revois courir dans tous les sens. Magique ! En 2011, rebelote. On a remporté le titre de champion face à Grenoble. J’étais vraiment content d’avoir aidé les plus jeunes à vivre cet instant. Toute la saison, ils me posaient des questions sur le trophée remporté la saison précédente. Je me situais entre deux générations. Réaliser ce doublé a en quelque sorte validé ma formation. »

Tu avais signé ton premier contrat professionnel en juin 2009. As-tu ressenti un changement de statut au sein du centre de Formation ?

« Forcément. Que cela soit en club ou même avec l’équipe de France, les coachs attendaient beaucoup plus de moi. Il en était de même avec mes proches et mes amis. Bien que je n’ai pas intégré tout de suite le groupe professionnel, j’ai senti que l’attente était plus forte. J’ai su faire face à cette forme de pression. J’avais pas le droit de me relâcher, ça m’a boosté pour progresser et ne pas me reposer sur mes acquis. C’est dans un tel contexte que l’on voit l’importance du mental chez un apprenti footballeur. »

Jusqu’au jour où tu as été convié à ton premier entraînement avec le groupe pro…

« Au lendemain d'une défaite en demi-finale de la coupe Gambardella face à l’Olympique Lyonnais, David Bechkoura m’a félicité pour ma prestation, tout comme celle de mon coéquipier Jimmy Kamghain. Pour nous récompenser, il nous a dit de prendre nos affaires et de nous rendre le plus vite possible chez les pros. On a cru à une blague sur le moment ! Sur le trajet, on a fait un pierre-feuille-ciseaux pour savoir lequel de nous deux pousserait la porte du vestiaire le premier ! On s’est retrouvé face à des joueurs comme Ludovic Giuly, Claude Makelele, Peguy Luyindula, Grégory Coupet, Mathieu Bodmer, Mevlut Erding… C’était incroyable ! Le coach Paul Le Guen nous a très bien accueilli, ainsi que son adjoint Christian Mas qui avait été notre entraîneur en U13. Mamadou Sakho nous a également rassuré et finalement tout s’est bien passé. La saison suivante, j’ai été appelé à deux reprises en L1 sous la coupe d’Antoine Kombouaré. Il est vrai que j’aurais aimé porté au moins une fois le maillot de Paris en pro, mais vivre tout ce que j’ai vécu n’a pas de prix. »

Pourtant ton rêve fut tout proche d’être exaucé le 15 décembre 2010, lorsque Paris est allé jouer sur la pelouse du Karpaty Lviv en Europa League…

« Paul Le Guen avait décidé de convoquer plusieurs joueurs du Centre de Formation comme Maurice, Qasmi, Makhedjouf, Kebano, Landre et moi ! Christophe Jallet avait été laissé au repos, il était donc prévu que je sois titulaire dans le couloir droit. Malheureusement je n’ai pas pu être du voyage. J’ai réintégré l’équipe réserve et j’ai redoublé d’effort à l’image du titre de champion U19 remporté quelques mois après. C’est le seul petit bémol lors de mes 10 années passées à Paris. Cet évènement m’a endurci et m’a servi pour la suite de ma carrière. Ce fut dur à encaisser sur le moment, mais à part ça ce ne fut que du bonheur. »

Et aujourd’hui, tapes-tu toujours dans le ballon rond ?

« Lors de mon passage en Andorre, je m’y suis fait une rupture des ligaments croisés. La suite ne fut qu’illusion. J’ai tenté de me relancer à Bobigny puis à Vitry, mais en vain. Mon corps ne peut plus suivre. J’ai donc anticipé ma reconversion en parallèle. J’occupe le poste d’éducateur spécialisé dans un foyer d’urgence. J’ai la sensation d’être à ma place auprès de ces jeunes en difficultés. Paris m’a transmis des valeurs que je tente à mon tour de délivrer. J’étais dans l’inconnu lorsque j’ai du faire le choix de stopper ma carrière. Mais là, j’ai la sensation d’avoir trouvé ma voie. Ma femme, que j’ai rencontré du temps où j’étais à la Préformation, exerce la même profession. Mon destin était en quelque sorte tout tracé ! »

Paris pour toujours ?

« Lorsque j’ai signé au Genoa en série A, on me cataloguait en tant que joueur du Paris Saint-Germain alors que je venais de passer trois ans en Belgique ! Paris, ça me colle à la peau ! Partout où j’ai pu jouer, on me posait des questions sur les joueurs, sur le Parc des Princes, sur le club… C’est comme avoir l’ADN du club pour la vie. Je suis d’ailleurs toujours en contact avec mes coéquipiers du Centre de Formation. Alors oui, Paris pour toujours ! »

PROFIL

Date de naissance : 26 janvier 1992
Lieu de naissance : Paris
Poste : Défenseur

Clubs successifs : FC Villepinte (2000 à 2002) - Paris Saint-Germain (2002 à 2012) – KV Courtrai (2012 à 2015) – Royal Antwerp FC (2014/prêt) – Genoa FC (2015 à 2016) – CD Tondela (2016 à 2017) – FCM Aubervilliers (2018 à 2019) – UE Sant Julià (2019 à 2020) – FC 93 Bobigny (2020 à 2021) – CA Vitry (2021 à 2022)

Palmarès avec les jeunes du Paris Saint-Germain : Champion de France U19 (2010 et 2011)

Equipe de France : U18 (9 sélections) – U19 (1 sélection) – U20 (1 sélection)