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Keylor Navas : une main de fer dans des gants de velours

Portraits

Le portier du Paris Saint-Germain traverse une première saison riche en belles surprises. Retour sur ses six premiers mois.

À l’heure où les championnats sont à l’arrêt et les résultats figés, le moment semble propice pour regarder dans le rétroviseur et contempler ce qui a été réalisé jusque-là. Pour Keylor Navas, il suffira de rembobiner sur les six premiers mois pour analyser le travail du portier, débarqué dans la capitale en septembre dernier.

Débauché du Real Madrid pour occuper les cages parisiennes, l’international costaricien n’arrivait pas les mains vides, emmenant dans sa valise un CV bétonné de trois Champions League, une armée de louanges de tous ceux qui l’ont côtoyé, et un professionnalisme qui n’est plus à démontrer. Et du haut de ses 33 ans, l’élégant gardien de but n’a pas manqué l’occasion, lors de sa signature, d’avoir un mot à l’égard de son nouveau public : « J’essaierai de gagner le cœur des supporters parisiens, dont la ferveur est réputée dans toute l’Europe. »

La suite de l’histoire n’a fait que confirmer le statut de celui qui avait été révélé à la planète football lors de son héroïque Mondial 2014. De son premier match face à Strasbourg en Ligue 1, dans lequel il avait d’entrée affiché une autorité naturelle, une sérénnité à toute épreuve, et délivré des arrêts décisifs, à ses premières émotions européennes, Navas a coché toutes les cases les unes après les autres. « Depuis mon arrivée, j'ai l'impression d'être à la maison, comme si ça avait été ma maison toute ma vie », s’enthousiasmait d’ailleurs le portier après sa première apparition.

Et le tout premier match d’UEFA Champions League de la saison n’a fait que confirmer combien le cœur de Navas battait désormais pour l’écusson rouge et Bleu. Face à son ancienne équipe madrilène, l’intéressé était clair : « Je veux défendre ce maillot à fond, c'est le plus important. Le passé est derrière moi. J'ai vécu une période super au Real, mais maintenant je veux entamer un nouveau chapitre de ma carrière ici. Je veux gagner des titres. Avec une mentalité de vainqueur, toujours.»

Après un match aller plutôt serein, c’est au match retour, que Navas avait l’occasion, dans son ancienne arène du Bernabeu, de prouver qu’il était à la hauteur de son pedigree. Le match d’avant, face aux Lillois, lui avait permis de chauffer les gants. Le Costaricien avait encore fait étalage de tout son métier, signant 8 arrêts tout en gardant sa cage inviolée (2-0). Une stat qui avait de l'allure puisqu'il s'agit tout simplement d'un record depuis son arrivée en Europe, en 2010.
Au Bernabeu, ce soir de novembre, la démonstration a continué. Auteur d’un match époustouflant, il a réalisé 10 arrêts spectaculaires (un record pour un gardien parisien en Ligue des Champions depuis qu’Opta analyse la compétition en 2003/04), permettant aux siens d’arracher le nul en terre espagnole (2-2).

En Ligue des Champions – compétition qu’aucun gardien ne connaît mieux que lui – les chiffres rendent aussi honneur au Parisien : il comptabilise cette saison le 2e meilleur ratio avec 80% d’arrêt en 7 matches (83% pour Ter Stegen, qui n’en a disputé que 6), mais il est bien le seul à avoir su conserver sa cage inviolée à 5 reprises depuis le début de la campagne européenne.

Et le reste de la saison n’a fait que confirmer ce que le monde du football savait déjà : Navas coche toutes les cases d’un gardien complet. Sur le plan technique, ses points forts - jeu sur la ligne, réflexes, explosivité - sont incontestables. Et sur le plan mental, aussi, le Costaricien diffuse autour de lui une sérénité en toutes circonstances, surtout quand l'altitude s'élève. Une aura contagieuse pour sa défense, dont avait parlé Thomas Tuchel au micro de PSGTV : « Keylor a cet état d’esprit et cette énergie sur le terrain. On sent toujours qu’il est là. C’est difficile d’être toujours concentré, prêt, mais s’il a joué plusieurs années au Real Madrid c’est qu’il peut le faire. Quand il est là, je suis plus calme. Il donne beaucoup de sérénité. »

Dans les statistiques aussi, le gardien du Paris Saint-Germain n’a pas à rougir de cette première saison en Ligue 1. En effet, avec plus de 73% de tirs arrêtés, 2,3 tirs arrêtés par match et pas moins de 52% de clean sheet, il est de loin le meilleur portier du championnat français.

Impérial entre les poteaux, puissant dans les airs, autoritaire sur le rectangle vert, le natif de San Isidro a aussi su parfaitement se fondre dans le vestiaire francilien. « C'est un gardien très complet, une personne extraordinaire. C'est quelqu'un de très joyeux », nous a d'ailleurs expliqué Pablo Sarabia.

Presnel Kimpembe, lui, savoure le niveau de son ultime rempart sur le terrain : « Il a amené de la sérénité, beaucoup de sérénité, et de l’expérience. Il parle quand il faut. Et voilà, dans les buts, il est tout juste exceptionnel. Quand tu es défenseur et que tu vois que ton gardien sauve la mise une fois, deux fois, trois fois, mais ça te met aussi en confiance. Et tu sais que derrière toi pour que l'adversaire mette un but, ça va être très difficile et forcément, ça remet tout le monde dans le bain quand des fois tu as un petit coup de mou. »

Une idée partagée par son coéquipier, Angel Di Maria, au micro de PSGTV : « Il apporte son expérience. Il a une très belle personnalité qui fait que le groupe est uni, qu'il tire dans le même sens et je crois que l'une des choses les plus importantes qu'il apporte est tout ce qu'il a gagné, les trois Champions League, tout ses trophées. Je pense que tout ça est une motivation pour les joueurs, car vous savez que derrière, il y a un gardien de but qui peut vous sauver à tout moment. Il nous a sauvé un bon nombre de fois déjà et on qu'il pourra continuer ainsi. »

Et l’intéressé, il en pense quoi ?

« Je pense que les années que j'ai passées dans le football m'ont aidé à mûrir à bien des égards, et quand je suis dans une équipe, j'aime me mettre au service de tous. Je n'aime pas que les autres aient l'impression que je suis plus qu'eux, loin de là, car je ne le suis pas. Pour moi, nous avons tous la même place, mais j'essaie d'aider de toutes les façons possibles. Je crois que j'ai vécu des moments uniques et que je peux apporter des conseils ou des messages à un jeune joueur. Et mes autres coéquipiers qui ont comme moi vécu des moments importants doivent aussi parler parce qu'on peut apprendre d'eux. Je suis une personne ouverte. Quand quelqu'un a besoin de conseils, je les lui donne avec plaisir et quand quelqu'un doit me dire quelque chose, je l'accepte avec sérénité, car je sais que ce sera toujours pour que je m'améliore. Je ne pense pas que je sais tout ou que j'ai tout gagné. Je veux gagner plus, je veux apprendre plus et je veux être meilleur », nous a finalement confié Keylor Navas.