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Jordan Lapelosa : « Avoir porté ce maillot me rend très fier »

Interviews

Comme chaque semaine, PSG.FR retrouve un ancien joueur passé par le Centre de Formation du Paris Saint-Germain. Aujourd'hui, l’ancien attaquant passé par le club de la capitale entre 2007 et 2010, revient sur ses années de formation en Rouge et Bleu.

 

 

Jordan, il y a presque douze ans, tu remportais le titre de champion de France U19 avec le Paris-Saint-Germain. Quels souvenirs gardes-tu de cet exploit ?

« J’en garde forcément un super souvenir. D’ailleurs, si quelqu’un possède la vidéo de notre sacre, je suis preneur ! Même en mauvaise qualité ! Nous avions battu l’AS Monaco à l’issue de la séance des tirs au but. J’avais tiré le dernier penalty, celui qui nous avait permis de remporter le trophée. J’avais pris une course d’élan d’au moins cinquante mètres ! Je n’avais pas conscience de ce que représentait ce but. Si je ne l’avais pas inscrit, nous n’aurions pas marqué l’histoire du Centre de Formation. Pour preuve, nous en parlons encore douze ans après. J’avais également inscrit le penalty décisif lors de la demi-finale remportée aux tirs au but face au FC Sochaux. Ce titre fut un réel accomplissement pour les trois années passées en compagnie de mes coéquipiers, ainsi que pour nos entraîneurs. »

 

 

Malheureusement, ce match fut également ton dernier sous le maillot rouge et bleu, puisque le Paris-Saint-Germain ne t’avait pas proposé de contrat professionnel. Cette décision fut elle difficile à accepter ?

« Je n’ai jamais compris pourquoi le club n’avait pas souhaité me proposer un contrat professionnel ou au moins un contrat stagiaire-professionnel. J’avais la possibilité de rester mais en signant une convention (statut amateur). Avec du recul, peut-être aurais-je du faire le sacrifice d’une année supplémentaire, mais ce statut ne me convenait pas à cette époque. J’étais un type de joueur pour lequel il fallait un peu plus de temps pour développer tout son potentiel. J’avais réalisé de bonnes saisons, mais il y avait très certainement des joueurs meilleurs que moi vis-à-vis desquels le club souhaitait davantage miser pour l’avenir. C’est la dure loi du football. »

C’est donc au Mans que tu as rebondi…

« J’ai rejoint le club du Mans alors en Ligue 2, pour intégrer l’équipe des U19 Nationaux. J’ai réalisé une superbe saison. Les dirigeants du club m’avaient promis de signer un contrat stagiaire-professionnel en cas de monter en Ligue 1. Malheureusement, l’équipe professionnelle n’a pas atteint cet objectif à l’issue de la saison. De plus, le club a connu de gros soucis financiers. De nombreux joueurs de l’équipe fanion ont du s’en aller et le Centre de Formation n’a pas conservé les joueurs sous contrat. On m’a dit de rentrer chez moi, sans la moindre explication. Cette phrase, je ne l’oublierai jamais. Mon conseiller sportif ne m’a pas soutenu dans cette délicate période. J’étais livré à moi-même. L’envie et la motivation n’y étaient plus. J’ai signé à l’UJA Alfortville, en étant très frustré par la tournure que prenait ma carrière, surtout que je devais travailler en parallèle. Quand la tête ne suit plus, les blessures apparaissent. J’ai contracté une pubalgie qui m’a éloigné des terrains quasiment toute la saison. Étant passionné par le football, j’ai joué à Torcy, puis à Montreuil, le club de mes débuts. Mais voyant mon rêve de devenir footballeur professionnel s’éloigner, il était très compliqué pour moi d’être très impliqué. »

 

 

C’est finalement dans le monde automobile que tu vas atteindre le plus haut niveau puisque tu participes depuis plusieurs saisons au Championnat de France de drift. Cette trajectoire était-elle inéluctable ?

« J’ai toujours aimé les voitures. Sur les murs de ma chambre au Centre de Formation, il n’y avait que des posters de voitures. Mes coéquipiers me prenaient pour un fou, car eux affichaient leurs idoles dans le football. Dès que j’ai obtenu mon permis de conduire, j’ai roulé, roulé et encore roulé. Lorsque j’ai acheté ma première voiture, j’ai réalisé un essai sur un circuit. J’ai tout de suite compris que j’étais fait pour la conduite sportive. Je suis passé du PSG à PSR (Paris Street Racing) ! Mon emploi du temps s’articule autour de la gestion de mon écurie automobile et des courses de drift auxquelles je participe. J’ai une communauté de fans et de passionnés qui me suivent quotidiennement sur YouTube (60 000 abonnés) et sur Instagram (100 000 abonnés). Je leur transmets des conseils et leur partage mon quotidien. J’ai créé une petite famille, une sorte de Fast and Furious à la française ! Une drôle de trajectoire, mais je suis très épanoui. »

Le Paris-Saint-Germain a grandement évolué depuis ton passage au club. Prends-tu toujours autant de plaisir à suivre les matches de l’équipe professionnelle ?

« Au sein de mon association automobile, il y a un membre qui s’appelle Marc-Antoine et qui est un fan inconditionnel du Paris-Saint-Germain. Il lui arrive fréquemment d’intervenir dans des émissions à la radio, pour défendre les couleurs du club. Grâce à lui, j’ai su faire le deuil du passé et ainsi me remettre au fil du temps à encourager mon club de cœur. Lorsque je suis revenu pour la première fois au Parc des Princes, j’ai trouvé qu’il avait beaucoup changé. Si je pouvais me rendre à chaque match, je le ferais ! Il y a tellement de joueurs incroyables qui composent l’équipe. Quand je pense que j’ai porté le maillot d’un tel club, ça me rend très fier ! Lorsqu’on a seize ou dix-sept ans, on ne se rend pas forcément compte de cette chance. Ma génération fut celle de la transition, aucun d’entre nous n’a eu sa chance au Paris-Saint-Germain. Aujourd’hui, les Titis évoluent dans un autre contexte. Ils ont tous des conseillers et sont tous sponsorisés de plus en plus jeunes. Les infrastructures du Camp des Loges se sont améliorées et les staffs se sont étoffés. C’est une autre époque. Qu’ils en profitent car évoluer dans de telles conditions n’est pas donné à tout le monde ! »

 

 

Ton attachement au club est louable, Jordan, voilà pourquoi la famille Rouge et Bleu souhaite également te féliciter pour cette victoire que tu as récemment remportée contre le cancer...

« Le Paris-Saint-Germain m’a permis de savoir me battre contre l’adversité. J’ai combattu contre une tumeur détectée à mon cerveau. Mon nerf optique a été touché. J’ai perdu la vue d’un œil pendant une longue période. L’apparition de la crise sanitaire a décalé mon opération. Je n’ai pas pour autant arrêté de m’occuper de mes réseaux sociaux. Il m’arrivait même de faire un peu de mécanique. Je voulais à tout prix me libérer l’esprit. Je portais un cache-œil comme les pirates ! Un beau jour, alors que je partais en vacances, je ressentais une gêne à l’œil. En enlevant mon bandeau, je trouvais que je voyais mieux ! Je suis allé faire une IRM de contrôle (imagerie par résonance magnétique) qui a confirmé que la tumeur avait réduit. J’ai retrouvé la vue, bien que la tumeur reste présente. L’opération n’eut finalement jamais lieu. Dorénavant, je vois la vie différemment. Je relativise beaucoup plus, je suis quelqu’un de plus réfléchi. Lorsque j’étais seul sur mon lit d’hôpital, je n’avais qu’un seul objectif : trouver des financements pour installer le moteur de mes rêves dans mon véhicule ! Comme le Paris-Saint-Germain, rêvons plus grand ! »

PROFIL :

Date de naissance : 27 juillet 1992
Lieu de naissance : Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne)
Poste : Attaquant
Clubs successifs : RS Montreuil (2000 à 2006), US Créteil (2006 à 2007), Paris-Saint-Germain (2007 à 2010), Le Mans FC (2010 à 2011), UJA Alfortville (2011 à 2012), US Torçy (2012 à 2013), Montreuil FC (2013 à 2015)
Palmarès avec les jeunes du Paris-Saint-Germain : champion de France U19 (2010)