À quelques jours de la finale de la Coupe de France Féminine contre le Paris FC au Stade de l'Epopée à Calais, ce samedi 3 mai à 15h, l'internationale française revient sur son histoire avec le football et de son rôle de modèle pour la jeune génération.
Grace, comment a commencé ton histoire avec le football ?
« J’ai commencé à 5 ans avec mon grand frère, qui jouait aussi. C’est lui qui m’a donné cette envie. On tapait le ballon dans le jardin de la maison... On cassait tout ! Mes parents, surtout ma mère, étaient réticents. Ce qui lui faisait peur, c'était de ne pas forcément avoir de vision sur mon avenir. Et puis il y avait aussi les stéréotypes. Elle entendait les gens dire des choses pas forcément positives par rapport au fait que sa fille joue au foot. »
As-tu tout de suite su que tu voulais faire carrière ?
« Le fait de quitter la maison tôt, d'aller en internat à l'âge de 13 ans, de te retrouver avec des filles que tu ne connais pas du tout alors je suis à la base quelqu'un de très famille... C'est au fur et à mesure que je me suis dit qu'il était possible d'atteindre ce niveau-là. Je travaillais dure aussi aux entraînements, je me donnais les moyens d'y croire en fait parce que c'est vrai qu'au départ, mes proches n'y croyaient pas forcément. »
Qu’est-ce qui a été le plus difficile au début ?
« Trouver qui j’étais en tant que joueuse. À 16-17 ans, il y a des fois, je n'étais pas forcément sélectionnée en équipes de jeunes, on m'a aussi beaucoup reproché le fait que j'étais très nonchalante, que je me reposais beaucoup sur mes acquis. Vu que j'avais énormément de qualités à mon âge, on attendait toujours beaucoup de moi. Et ça, vraiment, ça a été une longue période d'interrogation où je me demandais pourquoi on attendait toujours que je fasse plus que les autres ? »
Un conseil pour devenir professionnelle ?
« Si tu veux être en pro, tu ne peux pas rester sur ce que tu sais déjà faire, c'est impossible. Tu es obligée de travailler plus, de comprendre, de regarder tes vidéos. Et c'est à partir de mes 19 ans que j'ai vraiment réalisé que, en fait, on me disait ça parce que j'était capable de faire ça. »
Quelle a été ta plus grande force ?
« Je dirais ma maturité. J'ai compris les choses très tôt dans ma façon de gérer ma carrière. Dès le plus jeune âge, j'étais déjà disciplinée, je ne faisais pas forcément ce que d'autres jeunes peuvent faire à mon âge. Je restais vraiment focus sur mes objectifs et je pense que j'ai gagné du temps. »
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes que tu aurais aimé entendre au même âge ?
« Ce que je leur dis, ce n'est pas forcément ce qu'elles veulent entendre. Je leur dis que si vous voulez vous lancer dans une carrière de footballeuse, il faut vous dire que cela ne va pas être facile. Il faut te dire que c'est normal si tu passes par ces obstacles. Il y a toujours des échecs. »
Quels sont les mots des jeunes que tu croises et qui te touchent le plus ?
« Ce qui me touche le plus, je pense, c'est quand elles me disent : "Tu es celle qui m'inspire". On pense que ce sont des simples mots, mais au final, c'est très fort. »
Quel conseil donnerais-tu à une jeune footballeuse ?
« Le meilleur conseil que je pourrais donner, ce serait de ne pas avoir de regret. Il faut oser. Il faut bien sûr se donner les moyens parce que même si on ose, des fois, on ne peut pas rester sur ses acquis. Il faut continuer à travailler dur pour être au moins satisfaite de ça. »
Pourquoi le fait d'être un modèle est-il important pour toi ?
« Ça me tient autant à cœur parce que je suis passée par toutes ces étapes-là. Et je pense que j'aurais aimé avoir une personne de qui j'aurais pu m'inspirer ou recevoir des conseils. Quand tu es jeune et que tu n'as pas forcément confiance en toi, ça peut être un déclic de rencontrer une joueuse pro qui a déjà réussi, qui a déjà connu toutes ces étapes-là, qui peut te donner des conseils et qui peut t'accompagner. Je suis proche de la jeune génération aussi parce que j’ai été jeune.»
Et à la jeune Grace … Qu’est-ce que tu lui dirais ?
« Félicitations parce qu'à cet âge-là, je n'aurais jamais imaginé être celle que je suis aujourd'hui. Félicitations parce que cette jeune fille-là, elle n’a jamais lâché. Je suis arrivée avec des rêves, avec beaucoup de doutes aussi forcément. J'y ai cru et aujourd'hui, c'est une fierté. »